TWs: Orphelins.  

Personne t'égale, pourquoi t'es toujours sur tes gardes ? ›
(1) Aucun souvenir de ses parents, morts dans un accident de voiture quand elle avait 2 ans, pour elle famille rime avec Kerwan, Kay, Arès. Et pourtant, très vite, elle a compris que ce n’était pas normal. La phrase favorite des enfants de maternelle c’est mon papa, il est meilleur que ton papa et non mon jumeau, il est meilleur que ton jumeau, ça, ça ne marche pas. Ça n’a pas le même impact. Pourtant, elle le sait bien au fond d’elle qu’aucun papa ne peut être plus fort que son jumeau, que c’est elle qui gagne à tous les coups dans ce genre de comparaison. Alors, pour s’intégrer, elle ment. Bien sûr que c’est son papa à elle qui est le meilleur, parce que le sien il est agent secret, astronaute, pirate, roi d’une contrée lointaine, chef de la mafia. A l’école primaire, ces mensonges fonctionnent bien. De toute façon, ils changent trop souvent de famille et d’école pour que ça puisse se retourner contre elle.

(2) À chaque nouvelle école, Quin se transforme en Queen. Assez naturellement, les élèves se massent autour de cette jolie blonde au sourire solaire, à l’assurance à toute épreuves et aux histoires bien trop cools. Plus elle vieilli, plus le mensonge sur sa famille s’affine. Maintenant son père est ambassadeur et sa mère mannequin. Ils voyagent beaucoup à cause de leur métiers respectifs et emmènent leurs enfants dans toutes sortes de gala et d’évènement prestigieux. C’est à cet âge là que Quincy développe son intérêt pour les belles fringues, volant soit-disant des vêtements de créateurs à sa magnifique mère. En réalité, elle réarrange les vieilleries que les familles d’accueil lui donnent, re-cout des étiquettes « chanel » sur des jupes « h&m ». Personne n’y voit que du feu.

(3) À « la maison », la réalité est toute autre. Enfant très méfiante, Quin n’accepte d’adresser la parole qu’à Kay et c’est réciproque. Comme un animal sauvage, elle ne daigne de sortir de sa tanière que pour manger, restant le moins longtemps possible à table. Toujours d’accord pour aider son jumeau à jouer des mauvais tours à leurs « parents d’accueil ». Surtout des petits délits stupides tels que mettre les cachemires de Madame sur le programme coton 60° de la machine à laver. Qui oserait la gronder trop fort quand son petit air angélique soutient qu’elle n’a pas fait exprès ? Qui oserait la gronder trop fort quand son jumeau rode, le regard sévère ?

(4) Ils ont 15 ans quand une femme de leur famille vient les chercher. Leur tante, soeur de le père. C’est bizarre qu’elle soit venue si tard. Bizarre qu’elle parle que très rarement de leur père et de leur mère qu’elle semble pourtant avoir bien connus. Mais Quincy est trop soulagée pour être méfiante. Pour la première fois de sa vie, elle se sent à l’aise à la maison et ça lui fait un bien fou. Elle se laisse approcher par la femme assez rapidement, découvre les joies d’avoir une mère pour coiffer sa tignasse blonde et lui donner des conseils sur le maquillage. C’est Kay qui devient sa source d’inquiétude, lui qui continue à agir comme s’ils étaient seuls contre le monde, lui qui refuse d’ouvrir son coeur à leur tante.  

(5) Y a cet été qu’ils passent à Sunrise Valley, l’année de leurs 17 ans. Chez l’amie de leur tante. Le trio qu’ils forment avec leur cousin promet un bel été, plein de fêtes et d’aventures. À la maison, Quincy est en couple avec le quarterback de l’école, surtout pour former un de ces couples royaux dont elle a le secret. Il est un peu con et collant. C’est pour ça qu’elle ne pense pas à lui quand elle rencontre cette fille. Un sourire qui fait battre son coeur, des yeux qui la déstabilisent complètement. Pour la première fois de sa vie, c’est elle qui devient la petite abeille qui buzz autour de sa reine. Amour qui ne sera pas plus consommé que quelques baisers alcoolisés et qui lui laissera le cerveau enivré pendant quelques mois après, enrobant le nom de Sunrise d’une aura sexy et chaleureuse.

(6) C’est donc le coeur battant qu’elle débarque à Sunrise Valley pour faire ses études. Elle passe le premier jour le regards hagard à scanner tous les yeux, tous les sourires, pour retrouver les siens. Mais non. Elle est seule dans une ville qu’elle ne connaît pas, dans une université où elle ne connait personne et pour la première fois de sa vie : sans sa moitié. Son coeur, très loin d’être prêt pour ce dernier point, est à deux doigts de craquer quand elle entend une voix douce lui adresse la parole. C’est Sawyer. Sawyer qui lui demande si elle est perdue. Et tout de suite, comme un coup de foudre, comme une évidence, Quin a envie de lui répondre « plus maintenant ». En deux battements de cils, elle cache sa détresse et se concentre sur la belle blonde qui a l’air toute prête à lui offrir son amitié. Jamais elle n’a avoué à Sawyer à quel point elle était perdue, désorientée, seule et effrayée avant qu’elle ne vienne lui parler. Elle préféra agir comme tous les jours, comme si elle était la reine du monde et qu’elle daignait accorder une audience à la jeune femme. Sawyer est pourtant la seule véritable meilleure amie qu’elle n’aie jamais eu.

(7) Sunrise Valley signe aussi le début d’amitié beaucoup plus vraies, sans mensonges (ou si peu). Notamment les membres de sa colocations, rencontrés un peu avant de commencer l’université, alors qu’elle cherchait un logement digne d’elle. Alycia avec laquelle elle a tout de suite accroché. Ça lui plait, l’idée que cette bande de colocataires puisse devenir un peu comme ça nouvelle famille.

(8 ) Même si Kay lui manque plus que tout, tous les jours. Elle lui envoie des sms, elle l’appelle en FaceTime pour tout lui raconter mais ce n’est pas la même chose. Non, ce n’est pas la même chose quand ce n’est plus ses cheveux en bataille et ses yeux humides de sommeil, la première chose qu’elle voit le matin. Pas la même chose du tout quand tout à coup son petit déjeuner ne se compose plus d’un chocolat chaud et des grognements de Kay qui déteste le chocolat et les produits laitiers.

(9) Son ambition, c’est de devenir créatrice de mode. Faire résonner son nom dans toutes les bouches des stars et des gens importants. Recevoir des appels de gens riches et influents prêts à se mettre genoux pour qu’elle dessine leurs robes de mariées ou costumes. Elle n’est pas n’importe qui et elle voudrait que ce soit enfin reconnu par tout le monde. Elle n’est pas du même monde que ceux qui prennent le métro. Elle mérite des hôtels 5 étoiles, des draps en soie et des repas mitonnés par des chefs étoilés. Elle mérite une vie de paillettes. En attendant, elle est stagiaire chez Waldorf inc et elle travaille dans la boutique de vêtements d’Alycia. Elle n’est pas prête d’admettre que ça pourrait s’arrêter là, que ça pourrait être ça sa vie, qu’elle pourrait avoir un destin commun de personne commune. Elle, elle est exceptionnelle.

(10) Cette haute idée d’elle-même ne l’empêche pas d’aimer sincèrement les personnes qui ont su passer sa carapace de condescendance et d’être là pour eux, les protéger telle une lionne. Elle sait bien que le bonheur ne vient pas que de l’argent. L’argent, si on n’a personne avec qui en profiter, ça ne sert à rien. Même si, soyons francs, pour l’instant elle n’en a pas. Ce n’est que grâce à son frère, sa tante et son petit boulot de vendeuse qu’elle parvient à faire vivre l’illusion.