Assise sur la terrasse du café, tu es incapable de dire à combien de cigarettes tu en es. Trop, c’est une évidence mais ton cœur est en train de sortir de ta poitrine, le stress te ronge et la vue des vagues ne te calme pas. Pourtant, depuis toute petite, tu avais ce réflexe de regarder l’eau quand tout va mal comme si la mer était capable de noyer tes larmes, capable de te faire oublier ton chagrin. Mais c’était son deuxième échec en très peu de temps, deux échecs reliés à une seule et même personne. Une personne qui te met le cœur en vrac comme tu ne l’avoueras jamais. Une personne qui attire ton regard même si tu tentes de le fuir, tu veux te concentrer sur elle. Tu l’as regarde et tu vois son hésitation, elle te fait culpabiliser encore un peu plus, tu t’en veux pour tellement de choses et aujourd’hui j’ajoute à ta liste. Tu t’en veux de lui avoir demandé de faire cela, tu t’en veux de ne pas avoir le courage de simplement mettre ton cœur à nu face à lui. Tu as fait une erreur, tu le sais, tu le sens et le regrette dans chaque partie de ton âme et comme toujours, ta maladresse revient en force et t’effraies. Tu as peur d’empirer les choses en allant directement vers lui, peur que ce soit trop tôt ou trop tard.

Tu observes la scène, tu souris comme une gamine quand tu le vois intervenir pour l’aider, parce que c’est tellement lui. Ton cœur saigne en silence malgré ce sourire qui savait remonter toutes tes peines. Tu assistes au cours de loin, tu te surprends à découvrir que ta sœur s’en sort mieux que tu ne l’aurais cru. Tant mieux, tu espères que le surf pourrait l’aider, elle aussi,, en dehors de l’aide que cela t’apporte, ça rend ton geste moins égoïste. Le cours te semble durer une éternité et pourtant, tu n’as envie qu’il se termine, pas envie de le quitter de nouveau tout de suite.. Mais tout à une fin et il est l’heure, tu vois Cory qui revient vers toi, vous échangez quelques mots et elle te donne un objet. Une boite de cire qu’elle t’affirme avoir ‘’oublier de lui rendre’’, ça te vole un sourire et te donnes un coup de pression. Tu ne peux faire marche arrière maintenant, c’est à toi de jouer. Tu embrasses ta sœur et tu écrases ta cigarette. Tes sandales à la main, la cire dans l’autre, tu traverses la plage pour le rejoindre. Ton cœur ne s’arrête pas mais si il continue ainsi tu vas frôler la crise cardiaque. Tu ralentis le pas à l’approche du beau brun, tu dois caler ta respiration pour parler avec l’air le plus normal qui soit. « Salut. »

Penser à lui te fait mal, l’imaginer te brûles de l’intérieur, te souvenir de vous te consumes alors là, face à lui, en chair et en os, tu as l’impression que ton cœur va sortir de ta poitrine et que tu vas te liquéfier si vos regards se croisent. Tu sens son regard que tu ressens si différent d’avant et tu le fuis légèrement par peur d’y voir de la haine, de la colère. Une partie de toi a envie de rire face à ses sentiments, toi, la fille qui n’avait jamais laissé un homme atteindre son cœur par peur de ce genre de moment. A cet instant, tu ne peux pas l’aimer plus, le regretter plus.. Tu tentes cependant de garder ton sang-froid, de rester toi-même pour ne rien laisser paraitre du tourbillon d’émotion qui te ravage en silence. « La cire, apparemment Cory à oublier de te la rendre et devait filer. » Tu lui souriais, consciente qu’il allait penser à un de tes tours sur ce coup, même si tu n’y étais pour rien. Toi, ton idée, c’était t’envoyer la jolie blonde pour savoir comment il allait, comment il semblait vivre votre rupture. Tu n’avais pas prévu le reste, tu étais en pleine improvisation. « Je ne veux pas te torturer Angèl, je ne l’ai jamais voulu et pour être sincère, là tout de suite, je ne sais pas qui de nous deux est torturés. » Tu baisses le regard en laissant échapper un petit rire probablement lié au stress qui te ronge. Tu veux être sincère et comme souvent, ça te rend maladroite sans que tu ne réalises pas tout de suite que ta réplique pouvait être mal interprété. « Si ce n’est pas trop de la torture pour toi, un verre ça te dit ? » Ton cœur sort littéralement de ta poitrine et son temps de réponse te sembles durer des heures, mais vous avez besoin de parler, tu le sais, tu le veux, mais lui ? Est-ce qu’il est prêt ? Est-ce qu’il en a envie ? Ou est-ce qu’il te déteste déjà ?

Tu sais que c’est osé, tu sais que tu n’as rien à faire ici mais tu es attiré vers lui comme un aimant. Regrettant tes mots, regrettant ce stop trop violent pour des raisons trop stupides. Il te manque et le voir te le confirme à chaque seconde où tes yeux l’efflore mais tu ne peux pas lui dire. Par simple fierté, par crainte que sa haine envers toi ne le rend aussi violent que tu as pu l’être, par stupidité peut-être aussi. Tu lui rends la cire, oublié par Cory et tu tentes, tu oses lui proposer un verre en te disant qu’e cas de refus se serait moins violent. Mais tu as tort, il accepte et tu es surprise dans le bon sens du terme, supposant l’apparition d’un sourire qu’il connait bien pour confirmer ta joie. « Promis, je te garder à l’œil. » Charme sous-entendu à peine masqué alors que tu sais que cela pourrait être l’inverse. L’alcool ayant le don malsain de te mettre à l’aise. Vous marchez ensuite jusqu’au bar qui n’est qu’à quelques pas.

« Sex on the beach » Souvenir du passé ? Signe d’un futur espéré ? Ou simplement ton cocktail préféré ? Tu ne sais pas comment il va le voir, tu sais que pour toi, c’est un peu des trois. Vous prenez ensuite vos verres avant de rejoindre une table un peu plus loin. Sur le chemin, tu hésites, tu fais tourner ta petite tête blonde aussi vite que possible pour trouver quoi lui dire. Pour éviter ce moment de blanc qui pourrait être fatale. « Je suis contente que tu sois encore en ville. J’avais peur que tu repartes. »

Il était difficile de mettre des mots sur tes sentiments. Dans chaque regard qui se croise, dans chaque parole que vous échangez, tu cherches le passé. Tu cherches la faille, celle qui te dirais que tes peurs étaient justifiés ou bien celle qui te dirais que vous avez encore une chance. Mais comment voir ? Comment interpréter les choses de manière correcte quand notre cœur est foncièrement corrompu par nos sentiments et par la crainte ? Bon sang, Joy ! Depuis quand tu te tortures autant pour un garçon ? Pour ce garçon.. « Quoi d’autres avec toi de toute manière. » Tu lui souriais, amusé par tes propres sous-entendus, guettant un signe quelconque, une porte qui s’ouvre vers un possible.

Vos verres commandés, tu engageais délicatement la conversation vers ta joie de le savoir encore en ville. Angel était une baroudeur, un homme d’aventure, c’était l’une des choses que tu aimais chez lui : parler voyage. Tu te souviens de vos soirées assis sur la plage à refaire le monde comme deux adolescents, ignorant la réalité, ignorant le reste du monde. Alors, tu pensais qu’une fois votre histoire terminée, il partirait. Encore une naïveté, l’amour te rend idiote jolie blonde. Il confirme la raison de sa présence et malgré une phrase non terminé, tu comprends vite que ce n’est pas toi. Mais tu ne peux pas lui reprocher, tu as brisé votre histoire alors tu devines que tu es plus un motif de départ qu’une raison de rester. « A ce soir. » Tu lui souriais portant ensuite le verre à tes lèvres le temps d’une gorgée. « Et puis ? » Rappelle de cette phrase abandonnée avant la fin. Curiosité beaucoup trop grande pour ne pas demander ce qu’elle cache.

La vérité, c’est que tu te sentais bien à cet instant, avec lui, ici. Comme avant. Certes, il y avait des regards que tu n’étais pas certaine de comprendre. Une complicité qui te semblais évidente aussi mais il était difficile pour toi de dire si c’était la réalité ou si ton cœur encore amoureux trompait ton esprit. Tu joues avec les mots avec les regards toi aussi, à la recherche d’une réponse, d’un signe qui pourrait te faire comprendre que tu as une chance. Que c’est possible. Tu souriais à sa réponse, bien que tu l’aurais espéré différente mais tu le connais. Tu sais aussi, tout le mal que tu as pu lui faire. Et tu sais qu’il est au moins équivalent à celui que tu t’es affligé si ce n’est plus, car au fond, il ne connais pas l’intégralité de tes faiblesses et de tes angoisses. Vous trinquez avant de boire une gorgée de vos verres. Semblable à une dose de courage, les mots qui brûlent les lèvres arrivent enfin mais avec prudence. Est-ce qu’il venait vraiment de dire qu’il avait encore de l’espoir. Qu’un « nous » était encore possible ? Tu n’oses y croire et de nouveau, tu te retrouves dans ce rôle de la petite fille fragile, un rôle que tu détestes. Un rôle qui t’effraie. Tu baisses le regard par protection, tu sens ses yeux sur toi, tu sens la douceur de son regard. « Angel. » Tu laisses échapper son prénom dans un soupir avant de le regarder de nouveau. « Comme si cela n’aurait jamais dû se finir ? » Ta voix est douce, ton ton sincère, tu ne joues pas à cet instant. Et même si c’était clairement ce qu’il avait sous-entendu et ce que n’importe qui aurait pu le comprendre, tu as peur Joy. Tu te sens fragile comme tu l’as été si peu de fois dans ta vie.