Gardav' et dégrisement
ft @Caleb Adelson

Tu bois un verre d'alcool, deux verres d'alcool, puis un troisième et un quatrième... et soudain, c'est le gramme !

TW :: brève évocation de drogues, alcool

Voilà quelques jours que Mac a repris le boulot. Enfin ! Ça lui avait manqué son job de flic. Bien qu’elle ait un peu bossé durant son périple, étant mise en « congé forcé », elle n’avait pas le droit de proposer son aide à d’autres commissariats. Son supérieur n’aurait pas apprécié et même sa petite gueule d’ange n’aurait pas pu la sauver. À elle le boulot de serveuse, de vendeuse et même une fois, elle a posé pour une marque de bikini. Elle n’aurait jamais cru se retrouver de ce côté-là d’un appareil photo pour un shooting. Une expérience sympa, mais pas fait pour elle. L’adrénaline de son métier lui a terriblement manqué.

Cette nuit, elle est de perm’. Pas de pleine lune à l’horizon, ça pourrait être une nuit calme. Ce qui n’est pas plus mal, vu qu’elle a un peu de paperasse à faire. La partie de son job qu’elle aime le moins.

Mackenzie arrive au commissariat, elle salue ses collègues et part s’assoir derrière son bureau. Elle sort son arme de son étui afin de le ranger dans son tiroir, après avoir retiré sa veste.

- Alors, quoi de neuf ? demande la fliquette à l’un de ses collègues, qui lui, termine son service.
- Rien, c’était assez calme. T’as juste un mec en cellule de déguisement qu’on vient d’aller chercher. Ivresse sur la voie publique et outrage à agent. Un vrai con. Demain, tu peux le foutre dehors avec une amende salée. Ça lui apprendra.

Le sourcil haussé, la demoiselle se met à rire doucement tout en hochant la tête. Moore est un bon agent, vraiment. Mais, il a peu de patience et il déteste quand on lui manque de respect. Elle n’est donc pas étonnée d’entendre que ça a dû un peu dégénérer.

- J’m’en occupe. Rentre bien ! lance la demoiselle en lui faisant un signe de la main, avant de croiser le regard d’un collègue et de lever les yeux au ciel.

Pour elle, ce genre de type trop alcoolisé, ça la peine plus qu’autre chose. Souvent, ils sont malheureux. Ils ont dû vivre des choses pas simples et elle en sait quelque chose. Combien de fois n’a-t-elle pas été alcoolisée ? Elle peut remercier son… ex ? Peut-elle le nommer ainsi, alors qu’ils n’ont jamais été vraiment ensemble ? Ce gars qu’elle a rencontré lors d’une rave party, et qui l’a empêché de trop sombrer dans la drogue et l’alcool. Ce gars lui a évité bon nombre de problèmes, même si ça lui a valu un cœur brisé. Le seul jeu qu’elle ne devait pas perdre, c’était bien celui-ci. « Le premier de nous deux qui tombe amoureux a perdu ». Elle a perdu. Enfin, ça remonte à sept ans cette histoire.

Pendant une petite heure, la jeune femme s’occupe d’encoder ses rapports d’enquêtes ou encore de passer quelques coups de fil pour des enquêtes en cours. Ne sachant pas rester longtemps en place, Mac finit par se lever afin de se dégourdir les jambes. Elle décide d’aller voir cet homme qui a été arrêté un peu plus tôt dans la soirée, pour s’assurer qu’il va bien. Elle quitte la salle principale et se rend dans un couloir, avant d’ouvrir la porte qui mène aux cellules de dégrisement. C’est en arrivant dans celle du milieu qu’elle découvre le visage de l’individu en question.

- Caleb ?! lance-t-elle à moitié surprise.

Malheureusement, ce n’est pas la première fois. Caleb est un très bon ami de son oncle. Mackenzie l’adore. Elle aime son côté d’ours mal léché. Elle soupire doucement, tout en secouant la tête avant d’ouvrir la cellule avec son trousseau pour le rejoindre.

- Qu’est-ce que tu fais ici ?

Stupide question, oui. La jeune femme lui tend la bouteille d’eau qu’elle avait au préalable payée à la machine, avant de s'asseoir à ses côtés.

- Comment tu te sens ?

Un long et bruyant rot s’échappe de ma bouche, tel un tremblement de terre. Putain, qu’est ce que ça fait du bien! Je renifle, passe ma main droite sur mon crâne. Je suis fatigué, bordel, si épuisé, et pourtant, la dernière chose dont j’ai envie, c’est de rentrer chez moi. Le bar dans lequel je viens de passer la soirée ferme ses portes, il est temps, à plus de deux heures du matin. Le gérant est plutôt du genre à respecter les lois, et m’a foutu dehors, avec un coup de pied au cul, refusant pourtant le billet de cent dollars que je lui offrais s’il acceptait de me servir un dernier verre. Incorruptible, ce bon vieux Bill. Mais tant pis pour lui, j’ai d’autres options à ma portée. D’autres astuces pour m’éterniser, pour faire en sorte que cette nuit ne se termine jamais. J’ai envie de pisser, je meurs de froid et surtout, j’ai cette foutue solitude qui m’envahit et qui m’angoisse profondément. Je ne veux plus penser, plus ruminer sur ma vie merdique et mes relations amoureuses désastreuses. D’ailleurs, pourquoi donc j’utilise le pluriel, hein? Je n’ai qu’une femme en tête: Sio. Et depuis notre conversation qui date à présent de quelques jours, je sais que je l’ai perdu. Nous nous sommes quittés fâchés, à cause d’un quiproquo ridicule mais qui a eu le mérite de nous embrouiller encore davantage. Alors voilà, je suis revenu au point de départ : un divorcé dont personne ne veut et au final, je fais tout pour repousser l’amour. La preuve en est avec la sublime, adorable et prestigieuse Siobhan Fitzgerald. J’ai tout gâché, j’ai fait du grand Caleb. C’est tout ce que je sais faire, à priori. Et boire, aussi. Boire plus que de raison. Et je compte bien tenir parole, ce soir encore plus que les autres. Renfrogné, bougon, triste au possible, je déambule dans les rues de Sunrise Valley, cherchant une issue à tout ce merdier. Je sifflote gaiement, croise quelques jolies filles qui prennent la direction d’une boîte de nuit branchée dans le centre. L’espace d’un instant, je me fige, me stoppe dans mon élan. Je ne me retourne pas, je lutte contre mes anciens démons. Je sens que cela me démange, de les rejoindre, d’aller foutre mon nez dans leur décolleté et dévorer des yeux chaque atout de leur physique ravageur. Pourtant, je ne bouge pas d’un centimètre. Je frotte mes mains contre mon visage, m’assène quelques claques plutôt violentes sur les joues tout en criant, exprimant enfin toute ma rage. Mais putain, qu’est ce qu’il se passe dans ma vie, hein? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça? Le Karma n’est pas une invention fantastique, c’est une réalité. Et j’en sais quelque chose. Noyer ma peine, voilà une solution efficace. D’un pas assuré, je reprends ma route, direction le magasin ouvert de nuit où je pourrais trouver une compagne solide pour terminer ma nuit. Quelques minutes plus tard, je retrouve enfin le sourire, une flasque de whisky dans la main non dissimulée par un sac en kraft. Pas besoin de me cacher, j’assume tout. Tout, chaque trait de caractère, chaque comportement absurde. Je suis Caleb Adelson, homme seul pour l’éternité. Éprouvant un amour qui s’avère être à sens unique. Ne sachant plus où aller, je me contente de siroter cet alcool que j’aime tant, titubant au fur et à mesure et terminant ma course dans un lampadaire que je n’avais pas remarqué. Grommelant, je commence à m’énerver, je houspille de ma voix forte et sans comprendre pourquoi, je me retrouve à l’arrière d’une voiture de police, direction le poste pour terminer ma nuit en cellule de dégrisement. Je me souviens avoir lutté, un peu. Jurer, beaucoup. Ils peuvent bien rajouter “outrage à agent” que je m’en fous comme de l’an 40. Je suis malheureux. Tout simplement. Je mérite tout ce qu’il m’arrive, y compris me faire arrêter dans les rues de ma ville à quatre heures du matin. La fatalité, mon vieux. La fatalité. Malgré l’inconfort de la cellule, je réussis à m'installer dans une position improbable. Je tente de fermer les yeux, de trouver un quelconque salut dans un sommeil agité. Mais quand j’entends une voix surprise prononcer mon prénom, j’ouvre un œil, difficilement, puis le second. Soupirant, je vois Mac s’approcher de moi après avoir ouvert la cellule, me demandant ce que je fais ici et comment je me sens. Elle s’est assise à mes côtés, cette gamine, je l’aime bien. C’est la nièce d’un très bon ami à moi, une femme courageuse, il faut l’être pour devenir flic. Je sais que je peux avoir confiance en elle, qu’elle gardera tous les secrets que je pourrais lui confier. Alors, après avoir longuement inspiré, je me lance, balbutiant quelques mots : Mac, je… Je suis qu’un connard, je… Et sans prévenir, sans aucun signe avant coureur, je me penche en avant et vomis. Comme ça. Juste à nos pieds. Après m’être doucement redressé, je pars dans un rire dément. Putain, quelle nuit, je vous jure!

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Gardav' et dégrisement
ft @Caleb Adelson  

Tu bois un verre d'alcool, deux verres d'alcool, puis un troisième et un quatrième... et soudain, c'est le gramme !

TW :: alcool

Pour être honnête, Mac n’était pas surprise de le voir dans cette cellule. Caleb va finir par avoir une carte de fidélité à force. Bientôt, ils inaugureront une cellule à son nom « Caleb Adelson, locataire régulier », à la dixième arrestation pour état d’ivresse. Elle aimerait tant pouvoir l’aider, soulager sa peine. Elle ne sait pas ce qui le rend si malheureux et ça lui fait mal au cœur. C’est qu’elle l’aime beaucoup Caleb. Il a toujours le mot pour rire et elle sait que si elle a besoin de parler, il n’est jamais très loin. Il va de soi que Mackenzie n’indiquera rien dans le rapport. Que ce soit l’arrestation ou l’outrage à agent. Elle passera ça sous silence, ce n’est pas comme si les flics manquaient de boulot. Alors, pourquoi se donner de la paperasse supplémentaire ?

Assise à côté de lui, venant de lui donner une bouteille d’eau, la blonde fronce les sourcils quand il s’insulte de connard. Elle comptait le contredire mais peut-on dire qu’elle s’est fait doubler par un vomi ? On remercie les réflexes qui viennent de sauver ses chaussures. Mackenzie a juste eu le temps de dégager ses pieds avant de poser sa main sur sa bouche, évitant tout relent désagréable. Heureusement qu’elle ne fait pas partie de ces gens qui ne peuvent s’empêcher d’avoir la nausée dans ce genre de situations. Mac ferme les yeux, dépité et se préparant déjà mentalement dans le fait de nettoyer le sol. C’est en l’entendant rire, qu’elle pose son regard sur lui en le regardant de travers, mais esquissant tout de même un sourire amusé. Au moins ça le fait rire, c’est déjà ça.

Kenzie se lève et quitte la cellule afin de partir en quête d’une bassine ou autre objet dans le style. Elle fouille dans une armoire avant de trouver un petit seau. Ça fera l’affaire. Elle revient dans la cellule afin de le tendre à Caleb.

- Lui, ça va être ton meilleur ami pour la nuit. Allez suis-moi, tu seras mieux dans la salle de repos, tu pourras te reposer et te préparer à ta future gueule de bois. Dit-elle en lui faisant un signe de tête.

La jeune femme l’aide à se lever et veille à ce qu’il ne marche pas dans son chef d’œuvre nauséabonde. Il faut dire qu’elle n’aime pas voir sa famille ou ses amis dans une cellule, alors autant profiter du fait qu’ils sont peu nombreux dans le commissariat pour lui donner un petit passe-droit. Une fois en salle de repos, il y a une table ronde au milieu de la pièce, avec quatre chaises autour. Le reste étant occupé par des lits.

- Voilà, couche-toi dans un lit. Dit-elle en l’aidant à s’asseoir. Je vais aller nettoyer et je t’apporte un café. Ensuite, tu me diras pourquoi t’es un connard. Car, je peux t’assurer que tu n’en es pas un, tonton Caleb ! lâche-t-elle avec un petit sourire amusé et lui dépose un petit bisou sur son front.

Après tout, Caleb, elle le connait depuis une bonne dizaine d’années, elle le voit comme un tonton. Mac quitte la salle afin d’aller chercher la serpillère pour aller nettoyer la cellule. Elle pourrait demander au service de nettoyage, mais elle n’a pas envie de les déranger. Surtout pour ça. Elle est assez grande pour le faire, bien que ça ne l’enchante guère. Elle ne peut cependant pas le juger, ayant eu la même expérience. La tête dans les toilettes après une beuverie et Marcus qui lui tenait les cheveux, tout en lui caressant le dos. Des souvenirs qui datent et pourtant, dont elle continue de ressentir chaque sensation dans tout son corps. Bref, elle s’égare, elle doit rester focus sur ce qu’elle fait.

Au bout d’une petite dizaine de minutes, la cellule est comme neuve. La blonde part tout rincer avant de se rendre à la cafetière pour récupérer une tasse de café bien corsé. Après quoi, elle repart en salle de repos pour aller abreuver le jeune homme.

- Tiens, un café corsé, ça te fera du bien. Tu me racontes ce qui t’arrive ?

L’alcool transforme les âmes, c’est une certitude que je connais que trop bien. Heureusement pour moi, malheureusement pour mon foie. Un gagnant, un perdant. Réunis dans le même corps. Putain, mais c’est quoi ces soudaines pensées philosphiques, hein? Caleb, sérieusement, tu déconnes… tu déconnes grave… Toutes ces idées se bousculent dans ma tête, tandis que je fixe d’un regard mauvais et honteux la flaque de vomi qui vient de s’échapper de ma bouche. Sérieusement, la quarantaine passée et encore le comportement d’un gamin de cinq ans. Je suis misérable, pitoyable, ridicule. Je m’en rends compte mais ne sais pas comment faire autrement. Heureux dans mon malheur, c’est rassurant, c’est un domaine que je maîtrise. Douce ironie, quand on y réfléchit… Putain, mais je me sens si con, surtout de réagir de la sorte en présence de Mackenzie. Une nana adorable, que je connais grâce à son oncle, un mec tout aussi agréable que sa nièce. Malheureusement, je la croise principalement au poste, quand je me fais arrêter pour état d’ivresse sur la voie publique, le sport que je pratique bien trop souvent et dans lequel je fais preuve d’un talent inégalable. Mais au fond de moi, je me sens honteux que Mack me voit dans cet état et quand je la vois revenir dans la cellule, un seau à la main, je lui souris, tandis que mon ventre continue à faire de drôles de bruits non identifiés. Je me contente de lui sourire, de murmurer un vague “merci” à peine audible. En réalité, j’ai juste envie de rentrer chez moi mais je sais que ce n’est pas possible. En tout cas, pas pour le moment… Mais Mack est une femme pleine de ressources et je pense qu’elle ressent une grande pitié à mon égard, à un tel point qu’elle me propose de prendre place dans la salle de repos. Les yeux écarquillés, je me lève, lentement, pour éviter de tenter le diable et de repeindre l’intégralité du poste de police. Déjà que je ne suis pas bien vu entre ces murs… Inutile de me mettre à dos l’ensemble de la flicaille de Sunrise Valley. Soutenu par Mack, je sens que tout tourne autour de nous, plus rien ne semble droit, plus rien n’a de sens sans elle… Non, Caleb, putain, arrête de te faire du mal à l’esprit, ton corps semble déjà si malmené! Le chemin pour arriver jusqu’à la salle de repos semble interminable, je suis essoufflé et transpirant, quelques gouttes de sueur perlent sur mon front. Putain, je vendrais mon âme pour une douche froide, là, tout de suite. Mais déjà, un lit relativement confortable est une offrande que j’accepte sans broncher, cette gamine, elle est vraiment adorable. Mack, après m’avoir expliqué pourquoi elle compte s’absenter quelques minutes, raisons que je ne retiens pas, m’appelle Tonton Caleb, surnom qui me fait drôlement sourire. Sûrement les effets de l’alcool, pour réagir avec autant d’allégresse car je suis persuadé que si j’étais dans mon état normal, je lui aurais affirmé de ne plus jamais m’appeler comme ça. Faut croire que l’alcool, ça aide à se détendre. Je suis tenté par l’idée de m’allonger pour m’endormir pour une longue nuit reposante mais trop peureux à l’idée de voir de nouveau le monde flotter autour de moi, je reste assis, le dos contre le mur et gromelle dans ma barbe quand Mack réapparaît avec un café. Je le bois à petites gorgées, cherchant convenablement mes mots pour expliquer la situation à la petite sans vouloir être trop larmoyant. Après avoir longuement soupiré, j’ouvre la bouche, d’où doit se dégager une haleine affreuse et lui dis : Oh, pff, tu sais… Rien de neuf sous le soleil. J’ai encore trop bu, voilà pourquoi je suis un connard. Je tente un regard dans sa direction, accompagné d’un sourire. Mais tu la prends pour une conne ou quoi Caleb? Elle n’avalera jamais une explication aussi simple. Sois sincère, pour une fois, essaie, ça ne te fera pas de mal… Allez, seconde tentative, cette fois-ci, c’est la bonne! Non, c’est nul de te mentir. En réalité, j’ai une putain de peine de coeur. Je crois que j’aime une femme, Mack. Que je l’aime putain ouais que je l’aime plus que de raison. Mais j’ai merdé, comme d’habitude… Je termine mon café d’une traite, quelque peu réveillé. Un deuxième ne me ferait pas de mal mais j’ai peur d’abuser de l’hospitalité de la flic. Enfin, si je puis dire… Tentant de me relever pour aller le chercher moi même, j’abandonne aussitôt l’idée. Premièrement car je ne tiens pas debout et ensuite car ce n’est pas une auberge de jeunesse ici, Caleb, mais un commissariat. T’es pas invité, t’es séquestré. Bougonnant, je demande à Mack : J’abuse si j’en demande un deuxième? Et t’aurais pas un truc à grignoter, par hasard? Caleb Adelson, messieurs dames, le pic assiette de service, même en garde à vue. Comme dirait ma mère, si je n’existais pas, il faudrait m’inventer…

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