watermelon sugar
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FÊTE FORAINE • La fête foraine s'est installée à Sunrise Valley et ce, pour une durée limitée ! Ainsi, vous pourrez donc avaler des bonbons, churros, sandwiches et tout autre mets que l'on peut trouver à la fête foraine. Et puis, vous pourrez ensuite choisir d'attraper une peluche pour votre partenaire, ou alors aller tamponner les autres, ou encore faire un tour en grande roue pour constater la beauté de la ville. Have fun !
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 lost in translation ; w/ siobhàn

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Cory Visnjic
fuck your ribbons and your pearls 'cause i'm not just a pretty girl
Cory Visnjic
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MessageSujet: lost in translation ; w/ siobhàn   lost in translation ; w/ siobhàn EmptyVen 5 Aoû - 23:36



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tw : addiction (drogue), overdose, fausse couche, crise d’angoisse.

Tout est calme. Trop calme. Pas un bruit à l’horizon. Comme si le temps s’était arrêté. Mon regard se pose nerveusement sur les photos en face de moi. Livide. Peu rassurée par l’ambiance environnante. Ces quatre murs. Synonyme de douloureux souvenirs, de moments amères et terriblement regrettés et regrettables. L’ambiance se veut pesante malgré elle. Elle le devient par ma faute. Par mon cerveau qui ne veut cesser de ressasser cette période sombre de ma vie. Provoquée par mon incapacité à exprimer mes sentiments, cette peur irrationnelle de ne pas être digne. Digne pour me permettre de ressentir de telles choses et de les exposer, égoïstement, aux gens qui m’entourent, auxquels je peux faire confiance. Bloquée, figée, les yeux qui ne réussissent pas à se fermer, hypnotiser par ma détermination à vouloir rester stoïque, forte. Faire semblant d’être à l’aise. Faire comme si de rien n’était. Adopter l’attitude à avoir. Paraître normale. Agir en tant que telle. Et pourtant, la seule envie qui me prend est celle de crier à plein poumon, de m’enfuir de cet endroit qui se veut rassurant. Un effet qui semble réussir sur les autres personnes qui m’entourent. En remarquant cela, le silence se fait engloutir par des petits chuchotements discrets, des rires presque inaudibles. Je vois les gens détendus, tenir des conversations les uns avec les autres tandis que je suis seule, tenue à l’écart. Quelque peu rejetée naturellement dans un milieu qui ne me convient pas, qui ne me concerne pas. Piégée. Prise au dépourvu. Impossible de m’en sortir. Je vois ces ventres joliment ronds. Le visage de ses futures mères, épanouies, à vouloir en chialer. Coincée dans cet univers qui n’est pas le mien. Qui ne sera jamais le mien. Prête à étouffer. A deux doigts de faire un malaise.

Mes yeux suivent ces jeunes gens unis, qui s’aiment à en faire crever plus d’un. Heureux. Tellement heureux que même les meilleures pubs pour tables dépliantes ne peuvent reproduire autant de niaiserie. – Qu’est-ce que je dis ? Ça ne me ressemble pas d’être si mauvaise, foncièrement jalouse, d’envier une vie que, de toute évidence, je n’aurais jamais. Les pires traits de ma personnalité reprennent le dessus lors d’une telle situation. Une situation où je ne contrôle plus rien, où tout me dépasse. Être loin d’être ici, ne pas devoir subir tout ça, retourner vaquer à mes occupations, faire semblant qu’elles me comblent suffisamment pour ne plus tomber dans mes vieux démons. Des monstres prêts à surgir. Le regard toujours aussi vide, il se dirige naturellement vers la sortie. Mon premier instinct ? Sortir dans l’angle de la rue, appeler Domino, lui demander ma came, aller à la banque, préparer les billets nécessaires pour le fruit interdit. Vivement déconseillé mais dont j’ai tant besoin. Dont j’ai constamment envie. Tout le temps. Sans arrêt. Aucune pause. Et davantage ici, maintenant, sachant ce qui va s’en suivre lorsque je quitterai la salle d’attente. Nerveusement, ma jambe droite ne cesse de bouger. Frénétiquement, au rythme de mon cœur qui ne cesse d’accélérer en constant les minutes qui s'effritent et qui me rapprochent du moment fatidique.

Non, c'est impossible. Bien qu’aux yeux de tous, je sois passée à autre chose, je ne peux pas me mentir à moi-même. Je dois sortir. Au moins prendre un peu d’air frais. Cesser de m’intoxiquer avec l’ambiance environnante. Sèchement, je me lève de la chaise en cuir. Tous me regardent, surpris, dans l’incompréhension. Je vois dans les yeux de certains une fausse empathie, à confondre avec de la pitié. A peine le temps de demander le pourquoi du comment, je m’enfuis. D’un pas rapide voire même en course. Ma respiration est saccadée. Courte. Essoufflée, je rejoins difficilement ma destination. Le monde paraît aller au ralenti tandis que je sens mon rythme cardiaque accéléré anormalement. Le son des véhicules, des travaux dans l’immeuble juste en face, des gens qui discutent, est sourd, en second plan tant les pensées se bousculent, tant les pires parties de ma personne tentent de prendre le dessus. Doucement mais sûrement, je réalise le fond du problème : je suis en manque psychologiquement de ces saloperies. Si physiquement, le manque a réussi à passer avec ces treize mois en centre de désintoxication, je prends conscience que le mental n’est pas encore au même niveau. Que dans mes instants les plus stressants, qui me rappellent le passé, je ne pense plus qu’à ça. Comme si mon overdose ne m’avait rien appris. Est-ce un retour à la case départ ? Ou un pas significatif de ma guérison ? Ou du contraire ? Ce n’est tout bonnement pas possible pour moi de penser correctement. Tout s’embrouille. Tout se mélange. Il me suffit d’un appel. D’un message. Demander de l’aide à mon frère ou à ma sœur, et aussitôt, ils débarquent, prêts à appliquer tous les conseils que les médecins leur ont donnés. Cependant, je ne peux pas faire ça. De longs mois que j’ai gâchés, deux vies que j’ai pourri pendant plus d’un an, égoïstement. Je leur dois de me débrouiller toute seule.

Expire. Respire. Expire. Respire.

Rien ne change. Appliquerai-je mal les astuces tant prescrites ? Qu’est-ce que je fais de mal ? Qu’est-ce qui m’empêche de lâcher cette foutue pression ? Pourquoi chaque rendez-vous chez un médecin, peu importe sa spécialisation, est devenu une torture ? Pourquoi ai-je autant de difficulté à passer les portes de Mom & Me ? Pourquoi ne me suis-je toujours pas remise de ma fausse couche ? Pourquoi l’ensemble de ce quartier n’est que le rappel douloureux d’une énième perte à cause de mon addiction ? Pourquoi tout ne passe, magiquement, avec le temps comme j’ai pu l’entendre, le lire ? Pourquoi personne n’a été fichu de me dire la réalité ? Pourquoi tous ont essayé d’idéaliser, de glamouriser, de rendre facile ce qui ne l’est en rien ? Et devrais-je leur en vouloir ? Ou devrais-je m’en prendre à moi-même de les avoir cru si naïvement ? Me voilà confuse. Perdue émotionnellement. Le sentiment d’avoir été prise pour une débile. Pour une blonde. Pour cette Miss USA qui n’a rien dans le crâne. Serait-ce mes démons qui me font ressentir cette colère ? Est-elle légitime ? Est-elle exagérée ? Toutes ces questions qui ne font que se multiplier. A tel point, qu’à nouveau, tout devient silencieux. Momentanément sourde. Comme si le monde s’arrêtait alors que ma tête, elle, non. Toutefois, tout revient à la normale lorsque je capte la fermeture de la porte derrière moi. La porte de la clinique. Je retourne doucement ma tête. Je vois alors Siobhàn dans sa blouse blanche. Si d’habitude en la voyant, mon visage est accompagné d’un doux sourire, actuellement, je lui en veux. Elle était censée être honnête avec moi. Être celle qui s’occupe de moi. Celle qui a accepté de camper le rôle de médecin traînant à la suite de la perte de mon enfant et de ma peur panique des autres pratiquants. En plus de camper celui de mon amie. Je repose rapidement mes yeux en face. N’osant même plus la regarder, elle. Déçue. En colère. Encore sous le coup de ma crise d’angoisse.  
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Siobhàn Fitzgerald
Petit pépin devient grand
Siobhàn Fitzgerald
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Pseudo : Psyko/Mel
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Messages : 281

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MessageSujet: Re: lost in translation ; w/ siobhàn   lost in translation ; w/ siobhàn EmptyDim 14 Aoû - 17:20



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tw : Fausse couche, deuil.

—Clinique Mom&Me. Je crois que je vais avoir besoin de vacances. Mon métier ; je l’aime. Plus que tout au monde. Ma voie, c’est celle-ci. Mettre des bébés au monde, c’est ma vocation. Prendre soin de la mère et de son futur enfant, c’est ma priorité. Je suis née pour ça, et je le sais, je le sens dans mes tripes. Pourtant, je ne suis pas épanouie. Je ne le suis plus, ces derniers temps. Chaque naissance me rapproche du mur. Chaque nouveau cri me perturbe plus que je ne l’imaginais. Me rappelant abruptement ma triste existence en pleine face : ce n’est pas le mien. Ce ne sera sans doute jamais le mien qui naîtra entre ces quatre murs. Et chaque jour, j’y pense un peu plus. J’ai donné tout ce que j’ai pu de mon corps, de mon énergie, de ma positivité. Tout. Je n’ai rien laissé derrière moi, pas même une miette. Je me suis acharnée, j’y ai cru et pourtant… Je ne suis pas enceinte. Je ne porterais plus la vie parce que je ne sème que le chaos autour de moi. Un autre risque, et c’est ma vie que je donnerais à la faucheuse. La première fois que cela arrive, en à peine quelques semaines, j’avais déjà tout planifié, jusqu’à avoir choisi des prénoms. J’y ai mis tous mes espoirs. Ce fût de courte durée, on est abattu, on ne comprend pas ce qu’il vient de se passer. Ses crampes étaient le signe que tout s’arrêtait. Je me suis voilée la face, me disant que ce n’était pas grand chose. J’ai voulu faire la forte, la courageuse, mais au fond, j’étais brisée. Toutes ces années pour essayer, être récompensé et au final, rien. Plus rien n’avait de sens. La seconde fois, on se dit c’est la bonne, le malheur étant déjà venu frapper à ma porte, il ne pouvait se présenter une seconde fois. Puis, j’ai vu mon ventre s’arrondir, s’éloignant de cette “zone à risque”, les premières sensations qui me font gonfler le cœur d’amour : c’est certainement lui, petit poisson dans l’eau qui m’offre la sensation de bulles dans le ventre. Prise de panique en pleine nuit, ces crampes qui me tiraillent jusque dans les reins ne me sont pas étrangères, c’est la fin. Une fois de plus. Mon corps rejette une nouvelle fois cette vie. Il chasse ce minuscule petit être de la même façon quand notre corps se bat contre un virus. Brutalement, sans aucune pitié. Mon cœur ne s’en remettra très certainement jamais, meurtri, laissant cette putain d’amertume au fond de la bouche. Un goût d'inachevé, certes, mais d’une profonde déception. Cette nouvelle vie en moi qui s’éteint, qui m’échappe, me file entre les doigts et qui m’arrache une partie de moi au passage, aura créé un immense vide dans mon existence. Les complications qui ont suivies suite à cette fausse couche “tardive” comme ils l’appellent médicalement, m’ont plongée dans la réflexion. Est-ce que je vais être capable d’avoir d’autres enfants ? L’hémorragie qui m’a pratiquement vidée de toute son essence, m’a laissé une trace indélébile à l’intérieur de mon utérus si fragilisé par ces échecs et ces pertes répétitives. Oui, je pourrais, il y a toujours une infime chance quelque part mais le risque zéro n'existe pas : Ma vie en dépend, et elle en dépendra toujours. Tout comme celle de l’enfant à venir. Quarante deux semaines de gestation, c’est long d’une certaine manière et on n’est jamais sûr à cent pour cent d’y arriver au bout. Je pourrais faire plus de mal que de bien, ceci dit. Je ne peux pas m’engager dans ce genre de combat, si au final, je me comporte comme une égoïste, sans penser aux conséquences. Mais au fond de moi, je me protège, comme je peux, même si ce n’est pas facile, même si ce n’est pas ce que j’ai décidé, ni même planifié pour mon avenir… J’ai arrêté de me battre pour lui, pour nous. Je souffre beaucoup trop, il me rappelle mes échecs, ma faiblesse. Dressant un mur colossal entre mon mari et moi. Je ne lui en veux pas, ce n’est pas sa faute. C’est la mienne. Je suis la seule incompétente dans tout ce merdier.  C’est pour ça, qu’il est parti, ne supportant plus mes états d'âmes et nos échecs répétitifs. L’âme en peine depuis des années, je dois me faire une raison. Je dois trouver une autre façon d’être heureuse. Mais voilà, faire le deuil de la maternité est bien plus difficile que ce que je croyais. Je ne suis pas prête. Je ne suis pas prête à abandonner l’idée de cet enfant biologique, cette idée de porter la vie, au creux de mon ventre. Le sentir me donner des coups de pied. Rire. Planifier. Caresser. Tant de choses significatives qui accompagnent la future naissance de l’être qu’on va aimer le plus dans ce monde. Je sais que je dois mettre tout cela derrière moi mais je ne me résigne pas. Pas encore. Je préfère broyer du noir, me dire que je vis actuellement un mauvais rêve et que forcément, je vais me réveiller et réaliser que tout ceci est encore possible, que je peux devenir mère de cette manière, la seule et l’unique qui me ressemble. Et pourtant… Pourtant, j’ai toutes ces brochures sur l’adoption, tous ces papiers à remplir, modifier, envisager d’élargir mes choix. Tout ceci est sur mon bureau et en attente depuis quelques jours maintenant. J’ai mon prochain rendez-vous, en début de semaine prochaine et je panique. Je vais m’y rendre seule. Seule. Je ne pensais pas pouvoir le dire un jour. La trentaine, célibataire, cœur en mille morceaux, divorcée depuis des mois pourtant et une nouvelle histoire d’amour bien trop compliquée pour que je puisse la gérer en parallèle de toute cette procédure d’adoption.

L’adoption : nouveau départ, nouvelle aventure. Je suis nerveuse à l’idée de franchir les portes de cet établissement de la seconde chance. Je ne peux pas me permettre de laisser mon histoire chaotique avec le détective prendre le dessus parce que de toute évidence, ce n’est pas l’avenir qu’il a choisi. Ce n’est pas moi qu’il choisit et d’un sens, ce n’est pas plus mal. Je ne veux plus souffrir. Mes sentiments pour lui sont là, c’est indéniable mais faire partie de son harem, non. C’est trop pour moi. Se sentir comme une fille parmi tant d'autres est très désagréable. Je pourrais profiter d’être dans ses bras, comme à Vegas où rien d’autre ne comptait, enfouir mes sentiments pour lui quelque part, là où ils ne surgiront pas…, tout ça, je pourrais le faire mais je sais qu’au final, je vais souffrir. Et c’est mon cœur déjà en miette qui va déguster. Je ne peux pas en dire de celui de Caleb. Il est tellement compliqué ce gars ! Ou alors c’est moi qui prend toute cette histoire trop au sérieux, trop à cœur ? Mais de toute évidence, tout est compliqué parce que je l’aime et que je refuse de l’admettre. Sans doute parce que ce serait à sens unique. Lui avouer mes sentiments, c’est me jeter dans le vide sans filet. C'est, être vulnérable, à la merci d’un prédateur prêt à me dévorer sans pitié. Alors non, je ne peux pas être sur deux champs de bataille en même temps. Je dois me donner corps et âme pour cet enfant que je désire plus que tout au monde malgré le fait qu’il ne naisse pas de mes entrailles. Une étape à la fois, un jour à la fois, une histoire d’amour à la fois. Et puisque Caleb n’est pas activement dans mon présent, pas autant que je le souhaiterai, il est certain que mon projet d’adoption ne le concerne pas. Je dois faire ça, sans lui. Mes yeux rivés sur l’écran de mon ordinateur, je passe en revue mes rendez-vous de ce matin. Échographies, visites trimestrielles, suivi post accouchement et... Mon cœur se serre en lisant son nom. Cory. Mon amie. Mais aussi une patiente, avant tout. Un besoin inexplicable de passer au-dessus mes fonctions médicales. D’aller encore plus loin pour offrir mon aide. Et de patient, elle devient amie. De mes sentiments professionnels naissent ceux de l’amitié et cette relation se transforme. Elle prend beaucoup d’ampleur, elle prend des risques aussi. Et sa part de vulnérabilité que je confonds souvent avec la mienne me trahis plus que je ne le voudrais. Je comprends sa détresse bien que nos histoires ne soient pas pareilles mais qui ont le même point commun : la perte. Le deuil. Le vide. Un vide qu’on pense ne jamais combler et qui nous suit pour toujours parce qu’on ne remplace pas. Il n’y a rien à remplacer. Chaque personne est unique, chaque être mérite sa place dans ce foutu monde de dingue. Pendant un temps, on ne se sent plus en phase avec ce monde qui continue de tourner sans nous, nous qui sommes sur pause contre notre volonté. On absorbe le bon, et on en garde que le mauvais. Drôle de sensation, mais dans l’fond, c’est pour se préserver. Pour ne pas accepter la réalité de nos échecs, la réalité de nos choix et c’est ce dont souffre Cory, ma douce Cory. J’aimerais tant pouvoir faire plus pour l’aider, j’aimerais tant enlever cette peine qui l’habite si durement. J’inspire profondément, je suis prête pour elle. Pour la soutenir, même s’il m'arrive de le faire mal, mais je ne le fais pas exprès. Rejoignant la salle d’attente, dossiers en main, je ne vois pourtant pas Cory. Rapide coup d'œil à ma montre, je ne suis pourtant pas en avance, mais pas en retard non plus. J’espère qu’elle n’a pas fait demi-tour, j’espère qu’elle n’a pas pris peur pour aujourd’hui. C’est difficile d’affronter sa réalité. La salle est pleine, pleines de ventre ronds aussi. Je prends sur moi, comme d’habitude. C’est compliqué à gérer, même pour moi. Je souris à la réceptionniste, j'ai déposé mes dossiers de ce matin pour la mise à jour et ne gardant que celui de Cory. D’ailleurs, c’est Caron qui me signale que ma patiente est à l’extérieur du bâtiment. Je la remercie et avance d’un pas décidé. Je pousse ensuite la porte de ma clinique pour rejoindre le brouhaha de la circulation du centre-ville. Cette animation que j’aime tant d’habitude mais que je ne supporterai pas si je devais y vivre. J’ai l’impression en découvrant mon amie qu’elle est sur le point de craquer. Je lui laisse quelques minutes, sans mot dire. Son regard sur moi me fait comprendre qu’elle n’a pas envie d’être là. Et je comprends. Si elle savait. Je comprends tellement et je ne veux pas la forcer. Pourtant, il va falloir qu’elle prenne une décision. Ce n’est pas moi qui la prendrait à sa place, mais je la soutient, quoi qu’elle décide :

—Cory ?

J’aimerais m’approcher mais j’hésite. J’hésite quelques secondes mais je veux lui prouver qu’elle peut compter sur moi, en toutes circonstances. Je dépose délicatement le bout de mes doigts de ma main droite sur son épaule. Geste maîtrisé mais tout en douceur. Je ne cherche pas à ce qu’elle prenne la fuite, elle doit pouvoir avoir confiance en moi. C’est tellement important. Pour elle, mais aussi pour moi, son médecin traitant. Il me faut doser le professionnel et le personnel pour un équilibre parfait entre les deux.

—Tu es prête ?

Prête. Ce mot à un impact tellement puissant que je n’en suis pas certaine. Mais c’est l’heure. Le dilemme doit se poursuivre en son fort intérieur. J’attends simplement qu’elle prenne la décision de me suivre ou non. J’ouvre la porte, me colle contre celle-ci pour la garder ouverte. La balle est dans son camp…

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