Vendredi matin. Rhodes ne dormait pas beaucoup, il était ainsi en forme pour pouvoir commencer la journée sur le continent. Il avait hésité à rester chez lui le temps de retrouver son bureau, mais il n’était pas d’humeur à rester enfermé. Lorsqu’il gagna la terre ferme, sur le continent, il entreprit de se diriger un peu plus au nord, pour s’approcher de son lieu de travail tout en restant un peu distant. Il était connu dans les environs, et d’ailleurs, lorsqu’il dévala les rues, il croisa le regard de chaque habitant qui le gratifiait d’un sourire. Il levait la main en leur souriant en retour, sans forcément que ce soit particulièrement chaleureux. Juste pour la forme, la politesse et pour garder sa réputation intacte. Assez calme, il était plutôt de bonne humeur pour le moment. Il envisageait de se diriger vers le Dinner’s pour pouvoir s’offrir le luxe d’un café et peut être se délecter de deux bon pancakes maison au sirop d’érable qu’il aimait tant. Il adorait ça, les pancakes. Il en mangeait pas tous les matins - d’ailleurs il prennait rarement le petit déjeuner - mais lorsqu’il avait le temps, comme ce matin là, il se disait pourquoi pas?. Cela dit, il stoppa ses projets lorsqu’il passa devant la chapelle pas trop loin du centre, particulièrement claire et colorée et qu’il s’arrêta net devant, comme s’il venait de voir quelque chose d’anormal. Il dévisagea le bâtiment qu’il avait déjà pourtant vu depuis le temps qu’il vivait ici, mais ce matin-là, c’était différent. C’était comme s’il avait entendu appeler son prénom, et il fit un sourire sarcastique à son encontre.
Je sais ce que tu cherches mais non, tu ne vas pas gagner pensait-il. Mais si, pourtant, il perdit. Parce qu’il fit deux pas en avant, avant de se résigner et entrer par l’entrée pile devant lui. Il s’avança et pénétra à l’intérieur de la bâtisse, où la température avait un peu baissé, dû à la pierre utilisée pour faire la Chapelle. Il fut surpris de constater qu’il n’y avait tout simplement personne à l’intérieur, pas même un prêtre, personne.


“Hellooooo, il y a quelqu’un?” appela-t-il d’une voix forte pour s’assurer qu’il n’y avait personne (ou l’inverse?). Constatant qu’il était seul, il finit par s’asseoir au premier rang, sur le rebord. Devant lui se tenait une grande statue de Jesus sur sa croix, et dont l’expression faciale l’atteint. Il rit nerveusement avant de se mordre la lèvre inférieur et les serrer avant de relâcher. Quelque chose de lourd se préparait, parce que lorsqu’il faisait ces grimaces là, c’était qu’il s’apprêtait à lâcher une bombe.

“Mais toi, petit enfoiré, tu te prends pour qui?” demanda-t-il à l’adresse de Jésus, qu’il détestait, mais surtout son père, qu’il détestait encore plus. Il avait conscience qu'il parlait tout seul, mais c'était le moment où jamais d'échapper son défouloir. Parce que justement, il était seul et il se permettait ainsi de se laisser aller. “T’étais où, hein, t’étais où toutes ces années où ON avait le plus besoin de toi? Comment as tu pu laisser passer ça?”

Il se rendait compte qu’il n’avait jamais vraiment exprimé sa colère par rapport à toutes les merdes qui lui étaient arrivées plus jeunes et il ne saurait pas expliquer pourquoi tout cela se déversait d’un coup. Ca montrait, et ça sortait, tout seul, sans même qu’il s’en soit réellement rendu compte. Il sentait les larmes de rage lui monter aux yeux, sans qu’elles ne sortent pour autant.

“Je t’emmerde, toi et tes préceptes de merde, les gens sont persuadés de devenir bon grâce à toi, mais c’est tout l’inverse, tu les rends totalement dingues, tu me rends dingue!”

On aurait dit le genre de chose qu’il aurait été capable de sortir à son psychiatre, mais comme il en avait jamais vu, forcément, ça faisait l’effet que ça faisait à cet instant. Et pourtant, il avait voulu croire à cette fichue religion jusqu’au bout. Il s’était marié à l’église, et il se rappelait très bien que le prêtre avait fait promettre à sa femme, son ex femme, qu’ils seraient unis, se chériraient et toutes les merdes qui allaient avec jusqu’à ce que la mort les sépare.

“Mon cul ouais! Putain!”

Il avait hurlé ce dernier mot en ayant pour projet d’assomer le pilier en face de lui d’un grand coup de poing mais il s’arrêta net lorsqu’il sentit la présence de quelqu’un derrière lui. Pas juste derrière lui, mais à plusieurs mètres, vers l’entrée. Il se tourna vers la nouvelle apparition, s’approcha de quelques pas en avant avant de constater qu’il s’agissait d’une silhouette féminine, rousse et plutôt jeune. Il tendit les bras vers la bas avant de réagir.

“Wow, eh bien, on a profité du spectacle?” demanda-t-il encore sous l’effet de la colère. Il plissa les yeux lorsqu’il s’approcha davantage, de petits pas méfiant, déformation professionnelle. Il l’observa un instant, plissa des yeux, puis :

“On ne se serait pas déjà vus? Je veux dire, je ne t’aie pas déjà vue?” s’étonna-t-il de sa mémoire, un peu fragile mais pas trop. Il était légèrement plus calme en lui posant cette question, comme si le mercure du thermomètre de sa colère s’était soudainement abaissé. La question qu’il se posait toutefois était de savoir depuis quand elle se trouvait là et ce qu’elle avait exactement entendu. Si c’était juste son immense insulte débité à la fin, ça pouvait encore passer. Il savait qu’il donnait une triste image de lui-même, et de ce qu’il représentait, mais à cet instant, il mettait de côté son statut, surtout qu’il n’était même pas encore en service, afin de mettre en avant l'humain qu’il était avant tout. Parce que oui, comme à chacun, il lui arrivait de péter un câble. Et il en avait tellement gros sur la patate qu’il aurait pu aller plus loin, beaucoup plus loin, mais il parvenait encore à garder le peu de sang froid qui lui restait. C’était ce qui l’empêchait de perdre totalement la tête.

Il est tôt, ce vendredi matin, quand Aëlys ouvre les yeux. Elle soupire et attrape son téléphone sur la table de nuit pour trainer un peu sur les réseaux sociaux comme à son habitude. Au bout d'une quinzaine de minutes, elle décide enfin de se lever pour se diriger vers la cuisine et se faire un café. Le café. Elle en consomme beaucoup. Trop même mais c'est plus fort qu'elle, elle adore ça et puis ça lui permet de se réveiller plus rapidement aussi. Une fois son café avalé, elle se jette sous la douche et s'habille rapidement avant de se maquiller très légèrement. Elle laisse ses cheveux couleur du feu, tomber sur ses épaules. L'été est bien installé et il fait chaud alors elle se contente d'enfiler un crop top à manches courtes floqué du logo des Gun's and Roses, groupe qu'elle apprécie tout particulièrement, un short en jean, et sa paire de Doc préférée. Elle attrape un tote bag dans lequel elle met son téléphone, son porte feuille, une bouteille d'eau et de quoi se refaire une beauté si nécessaire. Elle quitte ensuite l'appartement, prête à véritablement commencer sa journée.

Aujourd'hui elle doit prospecter des lieux pour un futur mariage et voir ce qu'il est possible de faire au niveau de la décoration. Elle sait par ou commencer. La petite chapelle colorée proche du centre. Elle a tapé dans l'oeil des futurs mariés et Lys doit s'assurer que la décoration prévue ira avec l'endroit. Elle prend son temps pour y aller parce qu'elle veut profiter du beau temps et du soleil. Sur le chemin, elle en profite pour envoyer des messages à sa soeur jumelle ainsi que sur le groupe WhatsApp de la famille. Elle en a pour un moment de chez elle, à pieds, mais ça ne la dérange pas vraiment de marcher, elle adore ça.

Quand elle finit par arriver devant la chapelle, elle retire ses lunettes de soleil qu'elle range dans son sac et s'approche doucement de la porte qu'elle pousse doucement. La fraîcheur de l'intérieur du bâtiment la fait frissonner. Quand elle pousse la porte, elle entend du bruit. Une voix. Un homme qui visiblement semble s'énerver contre quelqu'un. Pourtant, l'endroit semble désert. Du moins, à part cet homme entrain de s'énerver il ne semble pas y avoir quelqu'un d'autre. Elle ne bouge pas de l'embrasure de la porte. Elle ne sait pas si elle doit rebrousser chemin où, si, malgré tout, elle doit entrer. Après tout, elle doit visiter la chapelle pour le boulot. Elle fini par se décider à entrer. Cependant, elle le fait sur la pointe des pieds, pour ne pas le déranger. Elle s'adosse à la porte et sa curiosité la pousse à écouter ce qu'il dit. Et visiblement, il a vécu des choses dures et à en lui une immense colère. Et ça la touche Lys, de voir un homme souffrir autant.

Malgré le fait qu'elle soit rester discrète, l'homme ressens sa présence et fini par se tourner vers elle en lui demandant si elle a bien profité du spectacle. Elle hausse les épaules, doucement, adoptant une voix douce, pour ne pas le mettre encore plus en colère. « Je n'ai vraiment pas cherché à écouter vous savez, disons que je venais faire du repérage pour mon travail et j'vous ai entendu et j'suis restée parce que j'voulais juste m'assurer que vous n'alliez pas défoncer toute la chapelle » Et aussi pour s'assurer qu'il allait bien. Parce qu'elle a bien entendu reconnu la voix de Rhodes, le shérif de la ville, connu de tous ici. Il enchaîne ensuite en lui demandant si il ne la pas déjà vu quelque part. Un rire s'échappe d'entre les lèvres de la jolie rousse et elle pose son regard dans le sien. « Effectivement, on s'est déjà vu quelque part. Vous m'avez collé en garde à vue, il y'a plusieurs années, avec ma soeur jumelle, parce qu'on a vandalisé la boutique des parents de mon connard d'ex. Quand j'y repense, c'était plutôt drôle. Et d'ailleurs, j'avais tenté de vous faire du charme pour que vous nous relâchiez mais mon petit jeu n'a pas marché et on a passé la nuit au poste, Callie et moi » Ce moment elle s'en souviendra toute sa vie. Elle avait totalement vrillé ce jour là. Certes, Lys a toujours eu un caractère de merde, elle a toujours été impulsive mais sa rupture lui a totalement fait pété un câble, ce qui l'avait poussé à vandalisé la boutique de pauvres gens qui au final, n'étaient pour rien dans sa souffrance, mais à l'époque, elle aussi avait besoin d'extérioriser sa colère et c'est le seul moyen qu'elle a trouvé pour le faire, même si maintenant, elle conçoit bien que ce n'était vraiment pas très malin.

En vérité, il devait l'admettre, il avait un peu honte. Il détestait se montrer en spectacle comme cela. D'ailleurs, il détestait montrer sa colère, surtout quand elle était aussi forte. Il arrivait par moment où il devait se montrer plus dur que d'autres, mais là, c'était des émotions personnelles. Il avait horreur qu'on le surprenne, en fait, il faisait toujours en sorte pour péter une durite quand il était complètement seul. Notamment parce que ses émotions négatives étaient bien trop intimes et qu'il jugeaient qu'elles lui appartenaient. Se montrer dans cet état, c'était se montrer vulnérable. Et ça, c'était une chose qu'il ne désirait pas prouver, et encore moins à un citoyen lambda. Les seules personnes au monde qui avait droit à des avant premières, c'était son ex femme, mais également son beau frère, parce que même si techniquement, il ne l'était plus, au fond, ils se considéraient toujours ainsi. Mieux même, il avait atteint l'honorable statut de meilleur ami, voir même de frère, sans qu'ils ne partagent forcément le même sang. Lorsqu'il était marié, Rhodes avait fait parti de la famille de sa femme. Et puis, avec Ruby, ça avait pris dès qu'ils s'étaient vus pour la première fois. Il a suffit d'une soirée avec deux premières pintes pour pouvoir faire tomber les barrières. Sa moitié avait été là aussi, et quand il y repensait, ça lui donnait envie de sourire comme un idiot, perdu dans ses souvenirs. Et puis la réalité refaisait subitement surface, et quand il devait gérer une situation, c'était assez violent comme retour.
La jeune femme qui se tenait non loin de lui ne cria pas en retour. Elle ne fut pas non plus désagréable et ne répondit pas à la charge comme il s'était attendu sur le coup. Elle répondit naturellement, qu'elle ne faisait que du repérage pour son travail, puis elle avait voulut s'assurer qu'il n'allait pas défoncer le bâtiment. Il laissa un instant de silence s'installer, déconcerté, cherchant quoi répondre tout en la dévisageant pour essayer de la perturber. Puis il finit par éclater d'un petit rire qu'il eut du mal à calmer. Il se surprenait tellement à rire qu'il avait mis une main devant son visage comme pour se cacher mais c'était forcément cramé. Il finit par secouer la main avec laquelle il se cacher pour lui signaler de ne pas faire attention à ce qu'elle venait de voir. Il se sentait encore vulnérable, d'une autre manière, mais d'une meilleure manière cette fois. Enfin, il préférait cela à la colère ou aux pleurs.

"Tu as bien fait, j'aurais eu quelques ennuis si tu ne m'avais pas arrêté à temps" se moqua-t-il. Même si passer du statut du type qui faisait régner la loi à celui qui la violait était assez ironique en soi, il aurait tout de même été assez fier, personnellement, d'avoir démoli un bâtiment religieux. Surtout catholique.
Lorsqu'il lui demanda s'ils ne s'étaient pas déjà croisé, la rouquine lui confirma que c'était bien le cas étant donné qu'il l'avait déjà envoyé en garde à vue avec sa soeur après avoir vandalisé un magasin et il leva un index pour signaler que ça lui revenait aussi.
"Oh oui, je crois me souvenir. Ca remonte à... quelques années maintenant, non? C'était pas très joli joli, ça me reviens. La cavale délinquante des bacs à sable a été révolue d'ailleurs ou c'est comment?"
Il l'observa un peu plus attentivement, ne s'étant préoccupé pour le moment que de sa silhouette et de son visage étant donné qu'il avait cerné le moindre de ses airs faciaux et surtout son regard pour y décerner un message ou une réaction suite à sa pique de colère et son blasphème plus qu'évident. Il s'arrêta à son t-shirt et haussa les sourcils.

"Mmmmh, fan des Guns?" demanda-t-il, soudainement emporté par la curiosité. En d'autres circonstances, il n'aurait pas fait d'allusion, mais il s'agissait d'un groupe qui sonnait ses années adolescentes, et qui l'avait introduit à la réelle musique. Le père de Mackenzie, à l'époque, qui lui avait fait découvrir. Ce groupe là parmi d'autres d'ailleurs.

Aëlys ne s'attendait pas à trouver quelqu'un dans la chapelle à cette heure ci. Il faut dire qu'elle avait plus ou moins prévu son coup pour être sûre d'être tranquille et faire son repérage tranquille. Donc, évidemment, elle fut surprise de trouver Rhodes ici. D'autant plus dans un tel état. Il a sûrement ses raisons. Après tout, qui n'a jamais pété un câble ? Elle même avait été victime du pétage de câble alors qu'elle n'était qu'une adolescente au coeur brisé. Elle avait, avec l'aide de sa soeur jumelle, défoncé une vitrine de gens qui n'avaient au final, rien demandé à personne. Son acte n'était pas bien malin, mais au final, ça l'avait quand même défoulée de sortir sa colère. Evidemment, elle n'avait pas réitérer l'expérience. Pourtant, impulsive comme elle est, ce n'est pas l'envie qui lui en manque souvent. C'est pour ça, qu'elle s'est inscrite à la salle de sport, pour pouvoir se défouler et laisser sortir sa colère autrement qu'en sacageant la première boutique venue.

Rhodes se met ensuite à rire, parce que sûrement qu'il trouve la situation un peu grotesque, et peut être aussi, qu'il se moque un peu de la rousse, qui vient de lui dire qu'elle avait peur qu'il fasse exploser le bâtiment. Bien qu'en colère, il n'aurait probablement pas été jusque là. Parce que c'est le shériff de la ville et que c'est lui qui fait régner l'ordre dans la ville, ça fera donc mauvais genre qu'il fasse une telle chose. Il lui demande ensuite si ils ne se sont pas déjà vus quelque part et quand elle lui répond que si, en lui remémorant les faits datant d'il y a plusieurs années, il se souvient à son tour. Il lui demande même si cette époque est révolue. Heureusement qu'elle l'est. Heureusement qu'elle n'est plus vraiment l'ado trop impulsive qu'elle était. « Disons que je ne suis plus une adolescente et que je sais me contenir, plus ou moins. Et oui, ce n'est pas joli joli ce que j'ai fais mais blasphémer dans une chapelle et gueuler sur une divinité qui si ça se trouve n'existe même pas, c'est pas fort joli non plus. Si vous voulez vider votre sac, j'peux sûrement pas vous aider, mais j'peux au moins vous écouter » Il est certain qu'étant donné qu'ils ne se connaissent pas, ou du moins, à peine, il ne va certainement pas vider son sac. Mais, toute cette colère qu'il à en lui, ça l'intrigue vraiment Lys. Ca l'attriste aussi, parce que personne ne devrait souffrir comme lui, souffre actuellement Elle ne sait pas si Dieu existe, en fait, elle ne s'est jamais vraiment posé la question. Elle se défini plutôt comme athée, parce que franchement, si Dieu existait vraiment, pourquoi laisserai t'il de merde arriver dans le monde, sans même lever le petit doigt.

Elle hausse les épaules avant qu'il ne fasse une réflexion sur son t-shirt en lui demandant si elle est fan des Gun's & Roses « Je les adorent oui. Ma chanson préférée est "Patience", mais j'suis fan de rock en général. Mon père en écoutait pas mal, du coup j'ai été bercée dedans. J'imagine que vous aussi, vous êtes fan de rock ? » Elle sourit légèrement avant d'aller s'asseoir sur l'un des banc présent dans la bâtisse. « Et sinon, qu'est ce qui vous améne ici, dans cette chapelle vide, de bon matin ? Fin j'veux dire, vous vous êtes certainement pas réveillé c'matin en vous disant que la première chose à faire pour bien démarré votre journée, c'était de venir enguirlander ce pauvre homme, cloué sur sa croix ? » Après tout, peut être que ça ne regarde pas vraiment Lys, ce qu'il vient faire ici, mais c'est son côté curieux qui parle et puis, si ce n'était pas pour son travail, elle même ne se serait pas forcément retrouvé ici ce matin. Dans un geste doux, elle passe un main dans sa chevelure rousse, qu'elle remet en place. Elle ne peut s'empêcher de scruter Rhodes. Parce que même si elle l'a croisé en ville souvent, elle ne s'est plus retrouvé en sa compagnie, depuis qu'il l'a collée en garde à vue, il y'a huit ans maintenant et ça lui fait bizarre de se retrouver avec l'homme qui lui a remonté comme il faut les bretelles quand elle était ado. Ca lui fait bizarre certes, mais elle se sent en sécurité. Peut être parce qu'il est le shériff de la ville et que c'est son rôle, de protéger les citoyen, mais aussi, parce que malgré toute la colère présente en lui, il dégage un truc rassurant.

Plutôt que de s'apitoyer sur son sort, Rhodes avait profité de la réaction neutre de l'apparition qui l'avait surpris en plein moment de grande démonstration afin de retourner la situation pour la reprendre en sa faveur. Après avoir vécu un grand moment de sensations fortes négatives, le voilà qui riait de manière incontrôlée. Peut être que c'était aussi un besoin de se défouler à ce niveau là également. La dernière fois qu'il avait autant ri, c'était lors d l'élection de Donald Trump à la tête du pays, et aussi celle du coup d'Etat stupide et totalement foiré de ses partisans peu après l'élection du président actuel. Ironiquement, ce fut trois jours plus tard que sa femme avait disparu de sa vie, le laissant dans le chaos le plus total. A partir de ce moment, il n'avait plus ri de manière sincère, comme c'était le cas là. Même si la jeune rouquine n'y pouvait rien non plus, il riait plus de lui-même que d'autre chose.
Toutefois, il devait admettre que le ton presque apathique qu'elle utilisait le perturbait. Mais au final, c'était peut être la meilleure chose à faire vu ce qu'il s'était passé. Elle lui confirma qu'il l'avait déjà arrêtée avec sa soeur pour vandalisme et il avait des souvenirs rapides de cette nuit là. Un carnage. Il s'était moqué, mais en vérité, il se disait qu'elle avait dû accumuler beaucoup de colère pour pouvoir détruire autant de chose. Il se souvint qu'elle s'était expliquée sur les raisons de son geste, et bien qu'il ne lui donnait pas raison, il savait jusqu'où un élan de colère pouvait mener.
Il eut un sourire en coin lorsqu'elle déclara qu'elle n'était plus une adolescente et qu'à présent elle pouvait se contenir. Il secoua les épaules et commença à prendre place sur un des banc de la chapelle afin d'éviter de rester planté comme un poireau. Au mieux, elle partirait et il resterait ainsi un petit moment avant de disparaitre afin de rejoindre le commissariat en oubliant le Dinner's. A la limite, il commandera à emporter et payera la tournée de tout le monde. Enfin... presque, il ne fallait pas non plus abuser.

"Peut être, mais le nombre d'adultes qui eux, n'ont pas appris à se contenir, sont plus nombreux qu'on ne le pense."

Il rit lorsqu'elle lui fit la leçon. C'était de bonne guerre.

"Je vois pas où est le problème, personnellement." répliqua-t-il en faisant une moue indifférente avec sa bouche vers le bas, comme s'il s'en préoccupait réellement. Quant à la fin des paroles de la jeune adulte, il avait poussé un rire nerveux. Il se pencha un moment vers l'avant, les bras sur ses genoux, la tête presque au niveaux de ses jambes. Il méditait à ce qu'elle venait de dire tout en restant plus ou moins détaché de cela.

"C'est très gentil, mais je n'ai pas besoin d'un psy. Même envoyé par Jésus."

Après avoir remarqué son t-shirt, elle lui répondit qu'en effet, elle était fan des Guns et que sa chanson favorite était Patience. Il se redressa subitement, voir même trop, parce qu'il était désormais presque avachi contre le banc.

"Woooow Patience, c'est un bon choix, mais on est d'accord que rien n'égale November Rain? C'est limite un chef d'oeuvre cette chanson, je ne comprend pas pourquoi elle ne fait pas partie du patrimoine américain."
Il se prêtait à la discussion comme un enfant, mais c'était un peu fait exprès. Après, sur un sujet comme celui là, forcément qu'il se montrait animé.
"Moi, fan de rock? Ouais, p'tet bien. J'aurais aimé avoir la même culture musicale autrefois, mais c'était pas tellement le kiff du miens, de père. Lui, il voyait cela plus comme la musique de Satan, ce qui est quand même très drôle quand on y pense. Mais ouais, j'aime beaucoup le rock. Plein d'autres conneries aussi, ça empêche pas, mais surtout le rock. D'ailleurs, c'est lequel ton groupe ou artiste préféré? Outre que les Guns, je veux dire."

Il l'observa fixement lorsqu'elle lui demanda ce qu'il faisait là, et ce qui lui prenait d'engueuler le Christ, d'une manière autre mais qui était plutôt originale. Rhodes tourna les yeux sur le côté, réfléchissant à la réponse qu'il allait lui fournir. Il se pinça les lèvres, puis il réagit.

"Et toi, qu'est ce que tu fais là? C'est quoi l'objectif, venir faire la leçon à des connards qui en ont après Dieu? Je ne suis plus vraiment en âge d'être materné, tu sais. Limite je préfère la version délinquante des bacs à sable."

Il ne lui avait pas répondu de manière agressive, un peu sur la défensive, mais d'une manière calme et presque drôle. Certes, très sarcastique aussi, il devait l'admettre. Il la défia ainsi du regard, guettant sa réaction. Peut être bien qu'il la provoquait un peu aussi, à moins que ça ne soit le contraire.

Tomber nez à nez avec le shériff de la ville, n'était clairement pas dans les projet de Lys aujourd'hui. Evidemment, elle n'a rien contre lui, même si il l'a foutue en garde à vue quand elle était plus jeune, elle ne lui en jamais vraiment voulu puisque c'est son métier et que malgré tout, c'est vraiment quelqu'un de trés gentil. Elle fut donc surprise de le trouver là alors qu'elle s'attendait à être seule. Il faut dire que si elle est venue là si tôt, c'est pour être tranquille et pouvoir tranquillement inspecter les lieux en vue du futur mariage qu'elle doit organiser. Elle est encore plus surprise quand elle le trouve entrain de gueuler à s'en décoller les poumons contre la représentation de Dieu. Elle se fait toute petite, discrète parce qu'elle n'est pas là, à la base pour le déranger. Mais son instinct de flic fait qu'il la repère quasiment direct et c'est comme ça qu'ils en sont venus à échanger sur ce qui venait de se passer et sur le passé aussi. Sur le fait qu'elle aussi avait eu un accés de colère, il y'a presque dix ans.

« Moi j'pense qu'on à tous besoin d'un psy, au moins une fois dans sa vie, parce qu'honnêtement, personne n'est totalement sain d'esprit et puis, on a tous nos démons à extérioriser mais après, chacun fait comme il veut. » Evidemment, qu'elle dit ça, comme ça. Qu'elle donne juste son point de vue et qu'en aucun, elle ne le force à quoi que ce soit puisque de toute façon, elle n'est personne pour faire ça. La conversation tourne ensuite autour du rock. Rhodes lui explique que lui aussi aime beaucoup le rock. Il lui demande qui à part les guns & roses est son groupe ou artiste préféré. « Sans hésiter, j'dirais AC/DC, j'connais quasiment toutes leurs chansons par coeur, et vous alors, j'suis curieuse de savoir quel est votre groupe de musique préféré, niveau rock, j'entends. » Elle sourit légèrement, vraiment curieuse de connaître le groupe de musique préféré de l'homme assis prés d'elle.

Elle lui demande ensuite ce qu'il fait ici, véritablement et au lieu de lui répondre, il lui retourne la question. En lui demandant si elle a pour objectif de venir faire la leçon aux gens qui en ont après Dieu en ajoutant qu'il n'a pas besoin d'être materné et qu'il préfère la version rebelle des bacs à sable. Lys ne peut retire un rire cristallin et secoue la tête « Je ne suis pas là pour faire la leçon ou materné qui que ce soit. Je suis là pour mon travail. Je suis en repérage pour un mariage. J'suis wedding planeuse et j'dois m'occuper de trouver un lieu d'exception pour les futurs mariés. Voilà pourquoi j'suis ici. » Elle sourit en regardant autour d'elle. Cette chapelle fera sans doute l'affaire pour ses clients. « Je rêve où le shériff de la ville en personne m'incite à redevenir rebelle ? » Elle sourit en coin, remettant une méche de cheveux rebelle en place « Vous savez, même si j'me suis calmée, j'ai toujours en moi ce petit côté rebelle.. Mais, j'ai pas envie de vous donner le plaisir de me coller encore en garde à vue à nouveau.. » Parce que même si en soit, l'expérience serait fun à revivre, maintenant ça entâcherai sûrement la réputation qu'elle à auprés de ses clients et elle n'a pas vraiment envie de faire une croix sur son emploi.