Voilà une journée qui s'annonce bien. Une nouvelle en compagnie de mon meilleur ami. Arthur, ça fait plus de dix ans qu'on se connaît. Dix ans durant lesquels ça ne m'a aucunement dérangé de l'entendre, de quelque façon que ce soit. Alors pourquoi ai-je été perturbé quand il m'a fait ce message vocal sexy ? Je me souviens de son "p'tit Louis" accentué. Est-ce que c'était une réaction qu'il a voulu provoquer ? Ou était-il naïf, obéissant simplement à ma demande ? Dans tous les cas, il a été sexy. Et je ne l'ai pas écouté qu'une seule fois, ce vocal. Et d'ailleurs, ce n'était pas le seul vocal que j'ai écouté plusieurs fois. Si j'avais suggéré qu'on s'appelle, je pense que désormais, je préfère les messages vocaux. Je peux les enregistrer au moins...

Je me suis vêtu d'un jean que j'imagine noir avec un débardeur ainsi qu'une chemise par-dessus celui-ci. Ce n'est pas parce que je ne peux pas voir que je n'ai pas le droit d'être bien habillé. Une styliste m'a préparé des tenues que je pouvais mélanger à ma guise, étiquetant chaque pièce en braille pour que je puisse l'imaginer. Je passe aussi quelques doigts dans mes cheveux. Ils sont toujours en bataille mais apparemment, ça a l'air de bien m'aller. Dex vient me voir et me lèche la main pour attirer mon attention. En faisant attention, je m'accroupis pour le caresser et le câliner un moment.

« Eh ben dis donc, je vais passer une sacrée journée. » Et toi, Dex, tu vas rester à la maison. J'ai chargé l'une de mes voisines de passer le prendre pour une balade. Elle m'arrange de temps en temps, quand j'ai autre chose de prévu ou que je ne veux pas sortir. Et je l'arrange en retour comme je le peux. Je vérifie tout de même qu'il ait ses croquettes et sa gamelle d'eau pleine avant d'enfiler mes chaussures et de prendre mes affaires, les fourrant dans mes poches. Et quand j'entends enfin sonner, je reprends ma canne pour aller ouvrir. Il ne me faut que quelques secondes pour reconnaître le parfum d'Arthur, ainsi un sourire s'affiche sur mon visage. « Hey Thur. Dex a donné la permission de minuit. » Sans bave, que j'aurais bien précisé.

Passer la journée avec son meilleur ami, Arthur adore ça. Ils passent toujours de bon moment tous les deux. Et puis, même ça fait plus de dix ans qu'ils se connaissent, il apprécie toujours autant le retrouver, alors quand P'tit Louis lui à envoyer un message pour lui demander si Arthur acceptait de l'accompagner à un concert, le brun à bien evidemment accepté. De la bonne musique et une de ses personnes préférées au monde, que demander de plus ? Rien. Les deux hommes ont discuté un long moment par sms et ce qui devait n'être qu'une soirée, s'est transformé en journée et c'est loin de déplaire au manager.

Arthur, pour l'occasion, à enfiler un jean foncé, un t-shirt simple et une paire de converses. Il a envie de décontraction pour cette journée. Il se coiffe rapidement et se parfume un peu. Louis ne peut pas le voir, mais si il met se parfum, il pourra le reconnaitre. Il le porte depuis des années alors depuis le temps, Louis est habitué. Une fois prêt, le manager attrape son téléphone, son portefeuille et ses clefs, qu'il fourre dans ses poches avant d'attraper la laisse de Miso accroché au mur. Il part pour la journée et même si il sait que son chien peut trés bien tenir seul dans l'appartement, il préfère le confier à Leo, qu'il considère comme sa petite soeur et puis la boutique de la tatoueuse donne sur la plage, ainsi, le berger américain miniature aura tout le loisir de s'amuser pendant l'absence de son maître.

Une fois le chien déposé, il prend le chemin pour se rendre chez son meilleur ami. Pendant le trajet, il repense aux sms, puis aux messages vocaux qu'ils se sont envoyés. Oh évidemment qu'en dix ans d'amitié ce n'est pas la première fois qu'ils discutent de la sorte mais cette fois, c'est différent mais Arthur ne sais pas vraiment expliquer en quoi ça l'est. Il est tellement perdu dans ses pensés, qu'il ne voit pas le temps passé et qu'il est déjà devant la porte de Louis. Après être resté planté là pendant vingt secondes comme un débile, il se décide à sonner. La porte ne tarde pas s'ouvrir sur son meilleur ami, tout sourire qui lui indique que Dex, son chien leur donne la permission jusqu'à minuit. « Minuit, c'est tout ? J'vais devoir avoir une discussion avec Dex je crois ! » Un léger rire s'échappe d'entre ses lèvres et il pause son regard sur son meilleur ami. Il le trouve beau et en plus, lui aussi il sent bon. Le brun secoue la tête chassant ces drôles de pensées de sa tête. Il sourit à nouveau avant de prendre doucement le bras de Louis pour ne pas le surprendre. « T'es prêt ? Parce que je crois des cheeseburger et des glaces nous attendent » Nouveau rire qui s'échappe de ses lèvres et sans attendre une minute de plus, les deux amis partent vers la voiture d'Arthur afin de pouvoir aller déguster les cheeseburgers tant convoités par le p'tit Louis.

@Louis Roy  

La permission de minuit, une petite blague que je me devais de faire, juste pour plaisanter. Évidemment, Dex ne me donnait aucune permission. Il avait beau être mon chien d'assistance, il était aussi mon ami et ne me donnait aucun ordre. La relation était inversée, plutôt. Mais aujourd'hui, je n'aurais pas vraiment le temps de penser à Dex ou même à Miso, j'imagine. Aujourd'hui est une journée réservée à Arthur. Nous passons d'excellents moments tous les deux, à chaque fois que nous nous voyions. C'est la raison pour laquelle il est bien mon meilleur ami. On se comprend simplement tous les deux. « Pourquoi ? Tu veux m'avoir pour plus longtemps ? Il va me falloir plusieurs cheeses si tu veux m'accaparer pour la nuit, je te préviens. » Un léger rire, c'est toujours comme ça avec lui. Toujours joyeux, toujours le sourire aux lèvres et beaucoup d'humour. J'aime notre relation car elle n'est comme aucune autre.

Je le sens me prendre le bras et je souris à nouveau en hochant la tête, posant mes mains sur mes poches pour vérifier que j'aie bien tout. « Et un nouveau téléphone, aussi. Tu m'aideras à choisir ? » Bien sûr qu'il allait m'aider. J'imagine qu'il s'assurera que j'aie un téléphone avec une couleur sobre. D'autres en auraient profité pour me faire acheter un téléphone rose fushia pailleté. Le plus sincèrement du monde, je m'en fiche de la couleur. Je veux juste que ça fonctionne, c'est tout. Ainsi donc, il me guide jusqu'à sa voiture dans laquelle je m'installe. Toujours propre, même si je sens tout de même la nicotine dans l'air. Je m'attache tranquillement avant de sentir sa présence près de moi, côté conducteur. « Tu m'en allumes une ? » Je replace mes lunettes de soleil sur mon nez, mordillant l'intérieur de la joue. Je ne suis pas un fumeur régulier mais j'aime en savourer une de temps en temps. Et jamais en mauvaise compagnie. « De cigarette, j'veux dire. » Je souris, je ris même très légèrement sous la blague salace qui s'impose à mon esprit. « Mh, d'abord au centre commercial, comme ça c'est fait ? Ou tu préfères aller manger ? »

La petite blague sur la permission de minuit fait bien rire Arthur. Evidemment qu'il se doute que le chien n'a évidemment pas donner d'ordre concernant un potentiel couvre feu. Et puis de toute façon Arthur n'a besoin de la permission de personne pour passer la soirée et la nuit avec son meilleur ami. Lorsqu'à sa remarque Louis lui répond que si il veut l'avoir pour toute une nuit, il va devoir être généreux en terme de cheeseburgers, le manager ne peut s'empêcher de rire. « Ah ouais donc maintenant, faut marchander pour pouvoir passer du temps avec toi ? Ok j'vois le genre. En plus t'es bien trop accro aux cheeseburgers mon vieux, j'vais bientôt t'envoyer en réhab si ça continue. » Nouveau rire, plus cristallin cette fois qui s'échappe d'entre ses lèvres. Il adore ce genre de moments qu'il passe avec son meilleur ami et pour rien au monde, il ne les échangeraient.

Après ce moment de rigolade, dans un geste doux, pour ne pas surprendre Louis ou lui faire peur, il attrape doucement son bras pour le guider. D'ordinaire, Louis utilise sa canne blanche et Dex pour se déplacer. Aujourd'hui, il n'aura ni l'un ni l'autre. Il pourra seulement se reposer sur Arthur et lui faire confiance pour le guidage. Avant de quitter l'appartement, Louis vérifie si il a tout ce qu'il faut dans ses poches et c'est ensemble qu'ils marchent vers la voiture d'Arthur, garée juste devant. C'est à ce moment que Louis lui signale qu'il a aussi besoin d'un nouveau téléphone tout en demandant à Arthur si il serait d'accord de l'aider à choisir. « T'en fais pas, j'te trouverais le meilleur. Un qui bug pas et qui te permet de m'envoyer tout plein de messages vocaux, comme ceux de tout à l'heure.. » Sans s'en rendre compte, le brun se mord la lèvre, une drôle de sensation le parcourant en repensant aux échanges d'un peu plus tôt. Une nouvelle fois, il secoue la tête, comme pour se remettre les idées en place.

C'est rapidement qu'ils arrivent à la voiture et le brun aide son ami à s'installer mais pas trop parce qu'il sait que Louis aime se débrouiller tout seul malgré sa cécité. Il referme la portière derrière lui et va rapidement prendre place du côté conducteur. Il vient tout juste de démarrer le moteur quand lui lui demandes si il peut lui en allumer une en parlant de cigarette. Arthur rit parce que décidément, son meilleur ami à vraiment l'esprit mal placé. Il se penche vers Louis pour attraper un paquet de cigarette rangé dans la boite à gants du véhicule et d'un geste doux, il vient sortir une cigarette du paquet. Cigarette qu'il porte à ses lèvres pour l'allumer. Il en profite pour tirer une latte dessus, se délectant de la fumée avant de prendre doucement la main de Louis et de déposer la cigarette entre ses doigts. « J'ai vraiment une trés mauvaise influence sur toi, p'tit Louis ! Moi j'arrive pas à m'en passer mais toi, tu devrais pas fumer.. Tu vas devenir accro un jour et à mon sens y'a des choses plus intéressantes auxquelles devenir accro. » Il ponctue sa phrase par un hochement d'épaule avant d'allumer le moteur et de prendre la directions du centre commercial. « C'est parti pour le centre commercial » Tout en conduisant, Arthur lui décrit ce qu'il se passe aux alentours, pendant qu'ils sont en voiture. Comme Louis ne peut pas voir, c'est un systéme qu'ils ont mis en place, quand ils n'écoutent pas de la musique, pour que Louis, malgré tout puisse profiter lui aussi du trajet et du paysage environnant.

Il est vrai que je ne refuse jamais un bon burger. Et que je suis peut-être un peu gourmand, aussi. Heureusement, je fais attention à chaque sensation. Mon ouïe, mon toucher, mon odorat... mais aussi ma faim et ma satiété. C'est bien ce qui m'empêche d'en manger une tonne, parce que sans ça, ma santé s'en dégraderait encore et encore. Oh, et puis Arthur fait aussi attention à ce que je ne mange pas trop non plus. Et à ce que je ne m'en foute pas partout non plus. Les fois où il m'a essuyé la sauce sur mon menton n'étaient pas rares et je suppose que ça va sûrement continuer comme ça. « Tu n'oserais jamais, je te manquerais bien trop. » Peut-être suis-je un poids pour lui quand on sort tous les deux. C'est même une certitude. J'essaie de compenser ça par de l'humour en essayant de lui faire passer de bons moments mais avoir un meilleur ami dépendant d'une canne, d'un chien ou d'un être humain, ça ne doit pas être aisé tous les jours. Même si j'essaie de faire au mieux pour être indépendant.

A la mention des messages vocaux, je souris et je me sens rougir légèrement. "P'tit Louis". Uh-oh, j'ai besoin de penser à autre chose avant qu'il ne le remarque. Heureusement pour moi, il est bien trop occupé à m'emmener jusqu'à la voiture pour s'en rendre compte. Je m'installe tranquillement, m'attachant comme un grand. Je lui quémande une cigarette et puis il se penche près de moi. Sa chaleur m'atteint même à travers ses vêtements et je me surprends à avoir envie de poser ma main sur son dos, dans un geste doux. Mais je me retiens et je mordille mes lèvres, un peu gêné. J'attends qu'il l'allume et j'ouvre la fenêtre avant de le sentir prendre ma main. La cigarette entre mes doigts, je souris et tire une petite taffe. « Quoi, comme le sexe tu veux dire ? Dommage, j'ai pas d'argent à foutre là-dedans. » Sous-entendu : il faut que je paie pour avoir des relations. La vision que j'ai de moi-même n'est pas bien glorieuse, je dois bien l'avouer. Je sais de quoi je suis capable, néanmoins, je n'ai pas conscience du charisme que je dégage. Et je ne peux pas avoir conscience du charisme des autres non plus. Handicapé, qui voudrait bien d'un handicapé ?

J'écoute attentivement les descriptions qu'Arthur m'offre, comme chaque balade en voiture. Sa voix m'hypnotise et je n'ai aucun mal à tout imaginer, à ma manière. Je profite de ma cigarette en même temps, laissant la fumée sortir de ma bouche en formant de petits nuages que je ne peux pas voir. Je ne mets pas longtemps avant de la terminer. Puis, on s'arrête finalement, il m'indique qu'on est arrivés. C'est comme ça que je me rends compte que j'ai oublié ma canne. « Huh... Thur, elle est où, ma canne ? »

Arthur aime plus que tout passer du temps avec son meilleur ami, et ce, depuis qu'ils se sont rencontrés. C'était dans la boutique de musique ou bosse Louis. Arthur bien que féru de musique et ayant une grande connaissance sur le sujet et venu l'aborder pour lui poser une question et depuis ce jour, une amitié est née entre les deux hommes. Le handicap de Louis n'a jamais posé aucun probléme au manager, ok, il est aveugle et ne peut pas voir mais en quoi serait-ce un probléme ? Ca ne l'a jamais été et ça ne le sera tout simplement jamais. En plus de ça, le frenchie est plutôt indépendant et quand il à besoin d'aide, comme aujourd'hui, c'est avec plaisir que Arthur le lui offre.

Après être venu le chercher jusqu'à son appartement, Arthur aide Louis à prendre place dans sa voiture. Le manager à une voiture assez conséquente et de ce fait, dés que le Lyonnais veut prendre place à bord de celle ci, il a besoin d'aide. Une fois à l'intérieur, le moteur même pas démarré, Louis demande à Thur, comme il à l'habitude de l'appeler, de lui donner une cigarette. Le brun s'éxécute et se penche vers la boite à gant et donc, vers Louis pour attraper un paquet. Etrangement, et contrairement à d'habitude, cette proximité le perturbe. De là ou il est, il peut ressentir toute la chaleur du corps de son ami et même si il ne devrait pas, même si il ne veut pas se l'avouer, il trouve agréable la sensation que ça lui procure, à l'intérieur. Il se perd un instant dans ses pensées et fini par se redresser et allumer une des clopes du paquet, qu'il tend ensuite à son ami, lui faisant la remarque qu'il ne devrait pas fumer parce que ça pourrait le rendre accro et que selon lui, il y'a des choses bien moins nocives auxquelles être accro.

Le français plaisante encore une fois sur le sexe mais la fin de sa phrase ne plaît pas vraiment à l'homme assis derrière le volant. Louis ne peut pas le voir, mais Arthur fronce les sourcils quand il entend son meilleur ami sous entendre qu'il ne peut coucher avec personne si il ne donne pas d'argent et que personne ne voudrait de lui « Je ne sais pas quelle image tu as de toi mais.. Crois moi, tu n'a absolument pas besoin de payer pour coucher avec quelqu'un. Je sais que ton handicap ne t'aide pas à avoir confiance en toi mais tu devrais pourtant.. Et puis.. Moi j'suis pas handicapé, plutôt beau gosse, enfin je crois, et j'couche pas pour autant.. C'est pas tant le physique qui compte mais ce que la personne dégage.. Et toi ce que tu dégages.. » C'est puissant voilà ce qu'il allait dire si il ne s'était pas rendu compte de ce qu'il était entrain d'insinuer. « Enfin bref.. Tout ça pour dire, que tu finiras par trouver quelqu'un qui verra l'homme que tu es et là crois moi, tu n'auras rien à payer.. » Un soupire ponctue sa phrase parce que encore une fois, son esprit divague. Bien vite, il reprend ses esprits pour se concentrer sur la route et conter le paysage à son ami pour qu'il puisse se faire une idée de ce qu'il y a autour de lui.

C'est après un petit moment en voiture, que Arthur se gare sur le parking du centre commercial, et qu'il coupe le moteur. C'est à ce moment que Louis lui fait part de l'oublie de la canne blanche. Sur l'instant, Arthur ne répond pas et se contente d'allumer à son tour une cigarette avant de descendre de la voiture. Il en fait rapidement le tour pour aller ouvrir la portière à son ami et en prenant, doucement son bras, pour l'aider à descendre. « J'crois bien qu'on l'a oubliée.. Mais t'en fais pas, tu peux te reposer sur moi et j'serai ta canne ! Enfin si tu as assez confiance en moi pour ça, P'tit Louis » Un sourire se dessine sur son visage et c'est doucement et en tenant le bras de son ami d'un côté et sa cigarette de l'autre qu'ils traversent le parking en direction du centre commercial.

C'est vrai que je n'ai pas une très haute opinion de moi-même. Cela est peut-être dû à mon handicap, en partie. J'imagine que les histoires que j'ai entendues m'ont également donné un avis bien tranché par rapport à ça. Les handicapés ne sont généralement pas bien traités, il y a des exceptions certes, et je ne peux pas vraiment me plaindre de la vie que j'ai eu jusqu'ici. Mais je me sens tellement anormal qu'il m'est impossible de ne serait-ce qu'imaginer imposer à quelqu'un ce que je suis. Un jour, ça changera peut-être. Peut-être. Aussi, j'ai beau être sociable, je n'ai pas l'impression de plaire à qui que ce soit. En partie parce que je ne me suis jamais vu, parce que je ne vois pas les autres me regarder. C'est quelque chose de basique, d'instinctif, mais j'en ai été privé depuis ma naissance. Enfin, tellement de choses qui font que je pense comme ça, même si ce n'est pas forcément justifié.

Je me suis attendu à ce qu'Arthur s'agace un peu. Je le sens dans sa voix, qu'il est un peu tendu. Qu'il n'a pas aimé ce que j'ai insinué. Et il a beau me dire qu'il ne sait pas quelle image j'ai de moi-même, dans le fond, je sais très bien qu'il sait. Il sait comment je me sens, parce que ce n'est pas la première fois qu'on en parle, tous les deux. Mais c'est bien la première fois que je me sens comme ça à ses insinuations. Je sens même mes joues rougir. "Qu'est-ce que je dégage ?" ai-je envie de lui demander. Mais je m'abstiens, ne voulant pas créer plus de gêne que ça. Parce qu'encore une fois, j'ai beau être aveugle, je ne suis pas sourd. J'entends le ton de sa voix quand il parle. Je l'entends, son soupir. Je ne suis qu'à moitié convaincu par ses mots, pourtant ils me font un certain effet que je préfère camoufler plutôt qu'assumer. « Oh, ouais, j'suis sûr que t'es beau gosse. T'as quelqu'un en vue d'ailleurs ? » Je passe les détails sur moi. Je n'aime pas être au centre de l'attention, même si j'apprécie le fait qu'il me place aussi haut dans son estime.

Ce n'est que lorsque nous arrivons sur le parking que je me rends compte de la bourde. J'ai oublié ma canne. Je vais devoir me cramponner à Arthur pour pouvoir avancer en toute sécurité. Je lui fais confiance, je sais que je ne risque rien avec lui. Mais c'est plutôt le fait d'être dépendant de quelqu'un qui me rend un peu mal à l'aise. Enfin, je sors de la voiture avec un léger sourire tout fier. "P'tit Louis". Ce surnom m'attendrit et si je n'avais pas mes lunettes, il pourrait voir mes yeux étinceler. « Bien sûr que j'ai confiance en toi, Thur. Tellement qu'il n'y a qu'à toi que je demanderais ce que je m'apprête à te demander. » Nous avançons lentement jusqu'à ce qu'on s'arrête, devant les portes du centre commercial, j'imagine. J'entends le brouhaha de la foule à l'intérieur quand les portes automatiques s'ouvrent. « J'avais oublié mais faut que je me rachète quelques fringues et des sous-vêtements. Tu pourrais m'aider ? » Pour les choisir mais aussi pour les essayer. Il va avoir droit à son défilé personnel !

Arthur sait parfaitement l'image qu'à Louis de lui même. En plus de dix ans d'amitié, ils en ont déjà parlé maintes fois et à vrai, dire ça lui fend le cœur l'image que le brun à de lui. Il pense que personne ne voudrait d'un handicapé à ses côtés, car il se pense un poids. Évidemment que se mettre en couple avec une personne handicapée n'est pas quelque chose de simple mais ce n'est rien d'insurmontable. Et puis quoi ? Juste parce que lui ne voit rien et qu'il est facilement dépendant de quelqu'un, il ne mérite pas le bonheur ? Alors qu'au contraire, il fait parti des personnes sur cette terre qui méritent le plus d'être heureux. C'est pour ça qu'Arthur soupire quand il entend son ami se dévaloriser. Il aimerai tellement lui montrer tout ce qu'il est et ce qu'il vaut..

Quand ils arrivent au centre commercial, Louis de rend compte qu'il a oublié sa canne. Arthur le rassure, lui disant que du coup, il sera sa canne pour la journée, si il lui fait assez confiance pour cela. Louis, lui confirme que oui et que d'ailleurs, il a tellement confiance en lui qu'il lui demande de l'aide pour qu'il s'achète de nouveaux vêtements ainsi que des sous vêtements. Ce n'est pas la première fois qu'Arthur accompagne son meilleur ami pour faire du shopping mais cela s'est toujours limité aux vêtements, les sous vêtements étant plus de l'ordre de l'intime. Sur le coup, le manager ne lui répond pas, un peu perturbé par cette demande. C'est lorsqu'ils arrivent devant une boutique de prêt à porter masculin qu'il prend la parole « Nous y voilà P'tit Louis, dis moi quel genre de vêtements et de sous vêtements que tu souhaites et j'te ferais une petite sélection » Une chance que Arthur connaisse parfaitement les goûts vestimentaires de son ami, il pourra ainsi lui choisir les vêtements qui le mette le plus en valeur.

Ils entrent à l'intérieur sous le regard attendri des vendeuses qui évidemment, les prennent pour un couple et si d'habitude ça ne le dérange pas vraiment, là ça lui fait quelque chose d'agréable à l'intérieur de lui mais il ne sait pas vraiment mettre de mots pour définir ce que c'est. Après que Louis lui ait fait part de ses envies en matière de vêtements, ils se dirigent tous les deux vers les cabines d'essayage. C'est naturellement qu'ils se dirigent vers la plus grande cabine et que Arthur pose les vêtements à proximité de Louis qui s'est assis sur le petit fauteuil prévu à cet effet. « Vas y essaye et j'te dirais ce que je pense. Et évidemment, j'reste devant la cabine, si jamais t'as besoin d'aide tu me le dis et je viens t'aider » Rapidement, il sort de la cabine et s'adosse à celle ci pour laisser un peu d'intimité à son ami.

D'habitude, je laisse le soin à la styliste de m'envoyer de nouvelles fringues. Ainsi, je n'ai pas trop à m'en occuper. Mais là, nous y étions et ça me passait par la tête alors tant qu'à faire, autant en profiter. Et puis j'ai confiance en Arthur, il saura prendre des choses qui vont bien ensemble. "P'tit Louis". Décidément, je vais probablement décéder avant la fin de la journée s'il ne cesse pas de prononcer ce surnom. A chaque fois, j'entends à nouveau le ton de sa voix suave, celle qu'il a exagérée pour me montrer ses talents, à quel point il pouvait être excitant. Et ça me fait toujours quelque chose. Ça remue mes entrailles, mon bas-ventre devient chaud. J'ai du mal à comprendre pourquoi, d'ailleurs. Des questions plein la tête. Mais je préfère laisser ça de côté et me concentrer sur notre visite dans ce magasin.

Je reste bien cramponné à lui pendant qu'on se balade dans les rayons. Je ne le vois pas, ce regard attendri, d'ailleurs je ne peux même pas l'imaginer. Mais ce que je sais, en revanche, c'est que de sentir la chaleur de Thur contre moi m'apaise. Je suis serein et je ne fais pas attention à tout ce qui peut se passer autour. Comme dans une bulle, finalement. Quelques fringues choisies, puis il me dirige vers les cabines d'essayage. J'imagine qu'il a sélectionné la plus grande, celle qu'on garde pour les handicapés, comme moi. Le rideau fermé, je tâte les murs à la recherche des boutons pour y placer les cintres. Puis je me déshabille et fais ce que je peux pour me rhabiller avec les vêtements précédemment choisis. Un jean assez moulant, j'ai eu pas mal de difficultés à le mettre, avec une chemise, j'ai eu aussi du mal à la boutonner sans me tromper. Je tire alors doucement le rideau pour sortir avec cette tenue.

« Alors ? Je suis confo dedans. Enfin, ouais, c'est moulant quand même. J'ressemble à quoi ? » Je fais un tour sur moi-même pour lui montrer. Au moins, il pourra voir ce qu'il en est de partout, s'il y a des défauts. Après avoir entendu son avis, je retourne dans la cabine pour continuer les essayages. Je n'ai pas grand chose à essayer, et tout me va plus ou moins bien, je crois. Après avoir essayé la dernière tenue, je referme le rideau rapidement pour me déshabiller. Et je prends tout mon temps pour le faire. Mais comme je l'ai fait rapidement, le rideau n'est qu'à moitié fermé et Arthur peut tout voir. Je ne le réalise pas, cela dit. Je me pense à l'abri de tout regard et je prends le temps de passer chacun de mes vêtements. « Mmmh... Thur ? J'ai un problème avec ma ceinture. » Torse nu, je suis en train de me battre avec les passants de mon jean. Ma ceinture s'est entortillé et je galère un peu.

D'habitude, Louis a une styliste pour lui choisir ses vêtements et ainsi, il n'a pas besoin de se déplacer. Elle lui amène tout chez lui et les étiquettes sont en braille pour qu'il puisse quand même savoir de quoi il s'agit. Mais là ils sont au centre commercial pour lui acheter son nouveau téléphone, alors autant faire d'une pierre deux coups.

Lorsqu'ils entrent dans la boutique, Louis reste accroché à Arthur et ce dernier s'évertue à lui trouver des vêtements qui selon lui iront bien et qui ne seront pas ridicule. Une fois la sélection faites, ils se dirigent tous les deux vers les cabines. Arthur dirige son ami vers l'une d'elle en lui signalant que si il a besoin d'aide, il reste juste devant pour l'aider. Il sort de la cabine tirant le rideau derrière lui et s'adosse au bord de celle ci. Au bout d'un moment, le brun fini par en sortir, vêtu des vêtements choisi avec soin par le manager. « C'est moulant mais ça te va très bien » Dire que ça lui va bien est un euphémisme mais Arthur ne peut clairement pas balancer de but en blanc à son meilleur ami qu'il le trouve canon dans cette tenue. D'ailleurs il ne comprend pas vraiment pourquoi il pense ça à propos de son meilleur ami. Louis retourne rapidement dans la cabine pour essayer le reste des vêtements et c'est en retournant dans la cabine qu'il oublie de fermer le rideau. Évidemment, Arthur le remarque bien vite et c'est sans vraiment s'en rendre compte qu'il observe son ami entrain de se changer. Il reste là, à l'observer pendant un moment et tout en l'observant, il ressent une chaleur monter à l'intérieur de lui, ses entrailles sont sans dessus dessous et il ne comprend pas vraiment pourquoi d'ailleurs. Il est tiré de ses pensées par la voix de son ami qui l'interpelle parce qu'il a besoin d'aide. Le manager entre dans la cabine et bug à nouveau en voyant le torse nu de son ami mais rapidement, il secoue la tête pour reprendre ses esprits. « Ok attend, je vais t'aider. » Doucement il s'approche de son ami tout en lui parlant pour le pas le surprendre ou lui faire peur. Il pose doucement les mains sur la ceinture de son ami pour tout remettre en ordre. Sans faire exprès ses doigts viennent toucher sa peau et une décharge électrique frappe Arthur de part en part. Son coeur accélére, et le feu déjà présent en lui, brûle encore plus fort. Il se mord la lèvre, fort, comme pour réfréner tout ce qui se passe en ce moment à l'intérieur de son corps. Dieu merci, Louis ne peut rien voir. Évidemment, rien ne dit qu'il ne peut pas ressentir la tension palpable dans cette cabine mais il ne peut pas voir l'effet qu'il lui fait. Et Arthur est complètement perdu. En dix ans d'amitié, ce n'est quand même pas la première fois qu'il voit son meilleur ami torse nu alors pourquoi, aujourd'hui, ça lui fait cet effet là ? Quand il termine de remettre la ceinture comme il faut, il se redresse doucement, et quand il croise et se perd dans son regard, il est de nouveau perturbé. Il secoue la tête. Il faut qu'il se ressaisisse et vite. « Problème résolu, P'tit Louis » Le ton de sa voix est suave de nouveau mais ce n'est absolument pas volontaire. C'est sûrement dû à toutes les émotions qu'il vient de ressentir en si peu de temps.