TWs: Accident de voiture, perte d’une jumelle, deuil, syndrome du survivant, maltraitance verbale

There’s only one of us left now ›

Au départ, elles étaient deux. Deux parties d’un tout, comme deux doigts d’une même main. Inséparables dans le ventre de leur mère, inséparables dans le monde extérieur. Le miroir l’une de l’autre, semblables au point de les confondre, et pourtant si différentes à l’intérieur. Complémentaires. Fusionnelles.

Au départ, il y avait ces conversations d’enfants, échangées d’un lit à l’autre, dans le silence et l’obscurité de la nuit. Ces amoureux secrets dont le nom était chuchotés tout bas, ces rêves qui peu à peu prenaient forme à force d’être imaginés, détaillés, partagés avec son autre soi-même.

Au départ, il y avait les rires, les sourires, la joie d’être ensemble et de s’aimer très fort. Il y avait cette famille soudée, parfaite, et ces moments partagés, en toute simplicité.

Au départ, il y avait le bonheur, l’amour et la confiance.

Puis tout fut brisé, le temps d’une soirée. Une sortie, un concert attendu depuis longtemps, refusée par leur mère, autorisée par leur père - “ce sera notre secret” - en compagnie d’une amie, et de son frère majeur. Un conducteur alcoolisé, une voiture qui percute une autre... Une vie qui s’envole.

Après cela, il n’y a plus d’Arden et Alexis - il n’y a plus qu’Alexis. La moitié d’un tout, une fraction déchirée, éclatée en fragments aux arêtes acérées. La douleur de la solitude, la blessure d’une perte irremplaçable. La souffrance indicible d’un gouffre béant à jamais impossible à combler.

Après cela, il n’y a que le silence entre les deux lits, et bientôt un seul lit dans la chambre. Il n’y a plus que des rêves détruits qui ne se réaliseront jamais, et ceux enfouis au fond d’un cœur éploré, incapable de croire qu’il peut encore oser aspirer à les réaliser.

Après cela, il n’y a plus que pleurs, cris, reproches sans fin. Il n’y a plus que le chagrin, et les bras de son père refermés sur elle comme si elle allait disparaître à son tour. Il n’y a plus que le regard noir, aux yeux rougis de larmes, que sa mère rive sur eux alors qu’ils tentent de ne pas sombrer dans le néant.

Après cela, il n’y a plus que le désespoir, l’hostilité, et le remords.

Alexis a 14 ans lorsqu’elle apprend que la vie a une fin. Que cette fin peut être brutale, violente. Qu’une journée pleine de joie peut sombrer en une seconde dans un cauchemar interminable.

Elle a 15 ans lorsqu’elle apprend que l’amour n’est pas éternel. Que des parents pourtant toujours si éhontément amoureux l’un de l’autre peuvent se déchirer autour d’un deuil impossible, jusqu’à ne plus pouvoir se regarder dans les yeux. Vivre ensemble.

Elle a 16 ans lorsqu’un miracle se produit. Lorsqu’une inconnue se fait une place dans la vie et le cœur de son père, puis les siens, avec plus de bienveillance et de douceur qu’Alexis n’en a jamais reçu de toute sa vie. Un ange envoyé par Arden pour les aider à surmonter sa disparition. C’est ce que son père veut croire - c’est ce qu’Alexis veut croire.

Elle a 17 ans lorsqu’elle réalise que l’amour d’une mère n’est pas éternel. Après trois longues années à subir son ressentiment, ses comparaisons défavorables et ses trop nombreux regrets, après avoir si longtemps tenté de remplacer Arden aux yeux de sa mère, en vain - “C’est toi qui aurais dû mourir dans cette voiture !” - celle-ci disparaît sans préavis, sans laisser de trace.

Elle a 20 ans lorsque, enfin, elle appelle sa belle-mère “maman”. C’est le rôle que Jill a toujours joué dans son cœur, mais il a fallu soigner les blessures laissées par l’abandon pour oser à nouveau utiliser ce mot, pour une femme qui n’a au fond pas même dix ans de plus qu’elle. Mais l’étape est importante, et Alexis y a tenu. Alors Jilla a accepté.

Alexis vit désormais chez son père, dans une dépendance qu’ils ont retapée et arrangée en famille. Elle a repris le rêve d’Arden comme s’il était sien, a rangé sa guitare et obtenu son diplôme de l’école de police. Elle vit - ou peut-être survit-elle. Elle a toujours son père qu’elle adore plus que tout, et cette nouvelle famille qu’elle aime de tout son cœur. Cela lui suffit. Elle n’a guère le choix.

Histoire très touchante, j'en avais eu un premier aperçu avec Leslie mais c'est toujours aussi snifouille, même si heureusement ça finit sur un point plus positif Vraiment ravi que tu fasses partie de chez nous, en espérant que tu t'amuse un lien avec mon crapaud (Tad) est inévitable

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